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Coronavirus

La Covid-19 aurait connu une surmutation selon Didier Raoult, qu’en dit la science ?

Le professeur Didier Raoult a évoqué une possible “surmutation” de la Covid-19, indiquant que cela révèle une “dégradation de organismes (du virus)”. Fin août, Olivier Véran déclarait qu’“aucune preuve scientifique” ne permettait d’affirmer que des mutations ont eu lieu. Le point sur ce débat.

La Covid-19 aurait connu une surmutation selon Didier Raoult, qu’en dit la science ? Maksim Tkachenko/iStock




L'ESSENTIEL
  • Didier Raoult a observé sept mutations du virus.
  • Une étude parue le 2 juillet s'est intéressée à une mutation du virus mais n'a pas déduit qu'elle entraîne des formes moins graves contrairement à ce qu'affirme le Pr Raoult

Il n’y a pas un seul virus.” Didier Raoult a affirmé au micro de Radio Classique ce mercredi 9 septembre la possibilité d’une “surmutation” du nouveau coronavirus SARS-CoV-2. “Nous, on a détecté sept mutants qui ont circulé”, a-t-il ajouté, expliquant qu’il détient, dans l’IHU Méditerranée Infection, “beaucoup plus de données que n’importe qui au monde.” Le chercheur marseillais se veut rassurant et a expliqué que ces mutations sont plutôt une bonne nouvelle. “Les mutations que nous voyons sont associés avec la dégradation des organismes (du virus), précise-t-il. Quand ça se passe, c’est que ça va mal pour la bestiole.”

Une reprise de l’étude pas forcément conforme à ses conclusions

Cette affirmation sur la mutation du virus n’est pas partagée par tous, notamment Olivier Véran. Le ministre de la santé a déclaré en août que rien de scientifique ne permet de le soutenir. “Je peux comprendre l’espoir nourri par certains experts d’un virus moins dangereux, mais aucun argument scientifique ne vient étayer cette théorie, hélas.” D’autres médecins ont confirmé cette annonce. “L’histoire d’un virus qui serait éventuellement moins virulent, donc moins transmissible ou moins grave, a été complètement construite”, a appuyé le 24 août dernier à France Inter Karine Lacombe, cheffe du service maladies infectieuses à l’hôpital Saint-Antoine à Paris. 

L’idée d’une mutation du virus le rendant moins virulent mais plus contagieux est née de la publication d’une étude le 2 juillet dernier dans la revue Cell. Pour rappel, la mutation d’un virus concerne un changement de son génome. Dans le cas du coronavirus, une mutation a particulièrement intéressée les chercheurs. Il s’agit de la mutation D614G sur Spike, désormais présente dans 69% des séquences, qui a été observé une première fois fin janvier en Chine avant de disparaître puis de réapparaître en mars.

Plus précisément, cette mutation modifie la structure de la protéine S qui permet au virus de venir se fixer sur les récepteurs des cellules. Cette modification permettrait, selon cette étude, au virus de mieux infecter les cellules et donc de se reproduire plus rapidement dans l’organisme. Concernant sa dangerosité, les chercheurs n’ont pas observé de symptômes cliniques plus sévères. “Contrairement à ce que j’ai pu entendre, il ne faut pas non plus en déduire que cette mutation génère des formes moins graves”, a tempéré l'auteur.

Les mutations les plus féroces l’emportent 

La mutation analysée dans cette étude n’est que l’une des nombreuses mutations qui sont inhérentes à la vie d’un virus. Les chercheurs ont d’ailleurs noté 7 551 mutations au moment de leur publication, un chiffre estimé plutôt faible en comparaison à d’autres virus. De plus, lorsqu’une mutation engendre des modifications profondes sur les implications du virus, ce sont plutôt celles qui vont en augmenter sa férocité. “Les seules mutations qui ont de l’avenir sont celles qui vont vers une augmentation de la pathogénicité. Une mutation qui irait vers une diminution peut arriver, mais elle n’aurait aucun avenir”, a expliqué Stéphane Gayet, infectiologue au CHU de Strasbourg, à la Dépêche. Enfin, l’analyse des données du virus révèle que des pays comme la France ou l’Italie n’ont quasiment connu que cette souche du virus. Celles-ci étaient également présentes dans 80% des séquences connues du virus fin mai, toujours selon l’étude parue dans la revue Cell.

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