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Innovation

Bioproduction et médicaments innovants, un espoir de guérison dans les maladies chroniques

Face aux maladies dégénératives, chroniques ou à certains cancers, les médicaments dits innovants apparaissent comme un espoir. Et dans la rubrique de ces médicaments dits biotechnologiques, se trouvent les biomédicaments dont les substances actives proviennent d'organismes vivants.   

Bioproduction et médicaments innovants, un espoir de guérison dans les maladies chroniques metamorworks/iStock




L'ESSENTIEL
  • Les biomédicaments ont des substances actives provenant d'organismes vivants
  • Une enveloppe de 500 millions d'euros sur 5 ans est consacrée en France au développement de des médicaments
  • Ces médicament pourraient permettre de guérir les patients atteints de certaines maladies chroniques

L’innovation pharmaceutique se place aujourd’hui sous le signe de la bioproduction. Il y a près de 30 ans, était commercialisé le premier biomédicament. En 2017, quatre médicaments nouveaux sur 10 étaient des médicaments biologiques. Pour bénéficier de cette dénomination, la substance active du biomédicament, ou médicament biologique, doit être une substance biologique. En d’autres termes, elle doit être issue d'organismes vivants. Cela peut être les plantes ou les bactéries, mais elle peut provenir aussi de l’humain, grâce à des dérivés du sang et de plasma.

Autre caractéristique, un biomédicament se dégrade généralement par voie digestive et il se révèle biodégradables dans l’environnement. Un point non négligeable quand on connaît la menace grandissante — soulignée par l’OCDE — que sont les résidus médicamenteux pour l'environnement. Du fait de la complexité de leur élaboration, les biomédicaments ne peuvent donner de génériques. En effet, contrairement aux médicaments chimiques, il apparaît impossible de prouver que les biomédicaments sont une copie conforme du principe actif d’origine. Néanmoins, il est possible de fabriquer des médicaments biosimilaires.

Un enjeu pour la France

Le pays a accumulé un retard considérable en matière de biomédicaments. En dehors des vaccins, la bioproduction française a perdu en compétitivité, ne serait-ce qu’à l’échelle européenne. Le tissu académique est particulièrement solide mais le pays pêche par son réseau industriel. “La France semble las d’investir dans les domaines qui ne sont pas les plus rentables industriellement. Nos industries pharmaceutiques sont très chimie et peu bio…”, regrette Hervé Watier. professeur à l’université François-Rabelais de Tours et praticien en immunologie. Celui qui est aussi coordinateur du laboratoire d'excellence “MAbImprove” et du programme “ARD 2020 Biomédicaments” de la Région Centre-Val de Loire suit de près l’évolution de la bioproduction. “Cela nécessite de très gros investissements”, complète-t-il.

Il faut dire que le défi est de taille : comme le rappelle l’Académie nationale de pharmacie dans son rapport “Médicaments et environnement” publié en 2019, la France est le deuxième pays plus gros consommateur de médicaments en Europe, derrière l’Allemagne. En France, ce sont les vaccins qui représentent la principale activité de bioproduction avec 60% des emplois. Près de 32 sites de bioproduction sont implantés dans le pays.

Les biomédicaments dans le monde d’après

Un peu plus de 170 biomédicaments sont commercialisés en France. D’ailleurs, dans la recherche de traitement contre la Covid, la plupart des tests effectués à ce jour tournent autour des biomédicaments, bien plus que de la chimie. “Une partie de la solution sera sans doute biomédicamenteuse”, souligne Hervé Watier.

Le succès est réel, cependant il ne s’agit pas pour autant de remplacer les médicaments chimiques par des biomédicaments. “Les médicaments chimiques continueront de fonctionner, les deux types sont complémentaires”, insiste le professeur. Complémentaires, certes, mais bien différents dans leur fabrication, ce qui nécessite des formations à la hauteur des enjeux. En effet, la bioproduction se révèle bien plus complexe que la production de médicaments issus de la chimie. “On commence à mettre en place des enseignements sur le sujet mais les biomédicaments n’ont pas encore complètement leur place dans les universités”, observe le chercheur.

Tentant de rattraper son retard, la France a donc signé un contrat stratégique de la filière des industries et technologies de santé en février 2019. Cette politique coordonnée bénéficie d’une enveloppe de 500 millions d’euros sur 5 ans afin de favoriser l’industrialisation et créer un tissu de start-up et de PME. Mais tout reste à faire. “L’injection d’argent par l’Etat est une bonne chose, mais pour le moment, les académies qui sont notre force, n’en ont pas vu la couleur”, relève Hervé Watier. Il ajoute : “Aucun d’appel d’offre n’a été effectué et personne ne sait vraiment qui décide.” Une chose est sûre, sur le terrain, les acteurs se disent prêts à être impliqué dans ce nouveau contrat stratégique.

Des investissements européens

Ces biomédicaments appartiennent à une catégorie plus large, celle des médicaments innovants. Si un consensus n’a pas été totalement trouvé dans le monde académique, le gouvernement a tranché, et la bioproduction appartient aux thérapies innovantes. Les médicaments de thérapie innovante comprennent la thérapie génique, la thérapie cellulaire somatique, l’ingénierie tissulaire ou encore les fameux biomédicaments. Le but est de guérir de certaines pathologies, quand les médicaments chimiques permettent généralement de soigner et vivre avec une maladie chronique, par exemple, en meilleure santé.

Face à ce tournant médical qui se présente, la Commission européenne et l’Efpia (Fédération européenne des industries et associations pharmaceutiques) ont lancé, en 2008, l’initiative pour les médicaments innovants, aussi appelée IMI (Innovative Medicines Initiative). Après un premier volet pour la période 2008-2013, le programme a bénéficié d’une enveloppe de 3,3 milliards d’euros pour la période 2014-2020. Soit le plus grand partenariat public-privé au monde dans le domaine des sciences de la vie. En effet, l’initiative repose sur des collaborations entre les centres de recherches, les universités, les entreprises du médicament, les associations de patients ainsi que les autorités de santé. Plus d’une centaine de projets de recherche ont été développés depuis le début du programme.

En mars dernier, en pleine crise sanitaire, la Commission européenne annonçait un financement de 45 millions d’euros dans le cadre de l’appel à propositions de recherche accéléré autour des IMI. Nouvel objectif européen : répondre à l’épidémie de Covid-19 à travers les médicaments innovants.

Sujet réalisé à partir du dossier du LMEEM “100 questions sur le médicament”

Retrouvez ci-dessous les fiches du LEEM sur les thèmes : "'La France est-elle dans la course de la bioproduction" et "L'initiative pour les médicaments innovants, quels objectifs ?"

https://www.leem.org/100-questions/la-france-est-elle-dans-la-course-de-la-bioproduction

https://www.leem.org/100-questions/linitiative-pour-les-medicaments-innovants-imi-quels-objectifs

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