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Contamination

Infections nosocomiales: le sol des hôpitaux serait un paradis pour les bactéries

Malgré toutes les précautions en matière de désinfection, les bactéries résistantes aux antibiotiques restent sur le sol des hôpitaux. Il est possible d’en retrouver des traces dans une chambre complètement aseptisée, moins de 24h après sa désinfection.

Infections nosocomiales: le sol des hôpitaux serait un paradis pour les bactéries Beerkoff/iStock




L'ESSENTIEL
  • Certaines bactéries résistantes aux antibiotiques seraient à même de se développer dans les hôpitaux.
  • Charriées par les chaussures des soignants, ces bactéries mettraient moins de 24h à coloniser une chambre aseptisée.

Malgré des désinfections répétées, les sols des hôpitaux sont des nids à bactéries. C’est la conclusion des travaux réalisés pour la Decennial 2020, la sixième conférence internationale sur les soins de santé, qui a été annulée à cause de la pandémie de Covid-19.  Les conclusions, qui ont tout de même été publiées dans le supplément de la revue Infection Control & Hospital Epidemiology, reviennent sur la résistance des bactéries aux antibiotiques, qui survivent sur les sols et dans les chambres des hôpitaux. 

Staphylocoque doré et entérocoques

“Si les bactéries restaient sur les sols, cela n'aurait pas d'importance, mais nous voyons des preuves évidentes que ces organismes sont transférés aux patients, malgré nos efforts actuels de contrôle, indique Curtis Donskey, auteur principal de l’étude et épidémiologiste à l’hôpital de Cleveland (Etats-Unis). L'hygiène des mains est essentielle, mais nous devons développer des approches pratiques pour réduire les sources sous-estimées d'agents pathogènes afin de protéger les patients.

Avec des confrères du centre médical Louis Strokes, il a pu suivre la contamination de 17 nouveaux patients admis dans des chambres d’hôpital. Le but, était d’identifier à quel moment et par quel biais les bactéries entraient dans les chambres des patients. Pour cela, les chambres ont été méticuleusement nettoyées et désinfectées, et tous les patients ont été testés négatifs au staphylocoque doré résistant à la méticilline (SARM) ainsi qu’aux autres bactéries susceptibles d’être observées dans cet environnement. 

Les chercheurs ont ensuite analysé les interactions entre le personnel soignant et les patients, ainsi que les équipements médicaux portatifs qui peuvent être déplacés d’une chambre à l’autre. Trois fois par jour, des prélèvements étaient réalisés sur les patients, leurs chaussettes, leurs lits, au sol et sur d’autres surfaces fréquemment sollicitées.

Une contamination rapide

Dans les 24 premières heures, la moitié des chambres étaient testées positives au staphylocoque doré. Quatre jours plus tard, 58% des chambres étaient également infectées par des entérocoques résistants à la vancomycine (ERV). Le plus souvent, la contamination par les bactéries a démarré au sol, puis s’est déplacée sur les chaussettes des patients, sur leur literie pour terminer sur les autres surfaces.

Bien que notre recherche démontre que ces bactéries peuvent se frayer un chemin dans la chambre d'un patient et aux alentours, tous ceux qui rencontrent un agent pathogène ne seront pas infectés, rassure toutefois Sarah Redmond, autrice principale de l’étude et étudiante à l’école de médecine de l’université Case Western Reserve. Mais dans cette optique, existe-t-il des moyens simples de traiter ces zones d’exposition?

Dans une autre étude parue en août dernier dans Infection Control & Hospital Epidemiology, les chercheurs pointaient déjà cette même situation concernant le SARS-CoV-2, que l’on retrouvait sur les sols et les chaussures du personnel de santé des unités Covid. 

Des recherches complémentaires restent toutefois nécessaires pour éclaircir le rôle de la contamination des sols dans la transmission d’agents pathogènes, aussi bien bactériens que viraux. Les chercheurs eux-mêmes restent également critiques sur la limite de leur propre étude, notamment en ce qui concerne la taille de l’échantillon, et d’autres variables qui n’auraient pas été prises en compte au niveau du personnel de santé, ce qui peut empêcher une généralisation des résultats à d’autres hôpitaux. 

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