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QUESTION D'ACTU

Série "diabète" (2/5)

Covid-19 : comment expliquer le risque accru de formes sévères chez les diabétiques ? 

Causes, traitements, prise en charge... La recherche avance dans le domaine du diabète. Dans le cadre d'une nouvelle série consacrée à cette maladie, Pourquoi docteur a recueilli les propos du professeur Bertrand Cariou, médecin endocrinologue (directeur de l’Institut du thorax / CHU de Nantes), pour comprendre en quoi le diabète peut aggraver la Covid-19. 

Covid-19 : comment expliquer le risque accru de formes sévères chez les diabétiques ?  celsopupo / istock.




L'ESSENTIEL
  • Plus de 4,5 millions de personnes en France sont diabétiques, mais environ 1 million d'entre elles l'ignorent.
  • Le diabète est "l’un des principaux tueurs au monde", avec l’hypertension artérielle et le tabagisme, selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS).

Depuis le début de la pandémie de la Covid-19, il est apparu que le diabète était un facteur de risque de forme sévère de la maladie. Pourquoi ce risque accru ? Quels sont les caractéristiques et le pronostic des patients diabétiques pris en charge pour la Covid-19 ?

Les facteurs de mauvais pronostic de la Covid-19 ont été identifiés

Pour répondre à ces questions, une étude multicentrique française appelée CORONADO a été menée dès la mi-mars chez près de 3 000 patients diabétiques hospitalisés pour une infection à la Covid-19. Elle a sollicité pour cela 68 centres de diabétologie, publics et privés, en métropole et en outre-mer. La sévérité de la Covid-19 chez ces patients a été évaluée après un suivi de 28 jours. À la fin de cette période, un diabétique sur cinq était décédé, et un tiers des patients était toujours hospitalisé ou transféré en centre de rééducation. 

Très rapidement, des facteurs de mauvais pronostic de la Covid-19 ont été identifiés : sujet âgé, sexe masculin, complications micro-vasculaires (rétinopathie, insuffisance rénale...). Parmi ceux-ci, l’âge est vite apparu comme le facteur pronostic le plus important associé à la mortalité. Ainsi, le patient type de CORONADO est âgé de 70 ans en moyenne et il est majoritairement de sexe masculin. 

Quels impacts des traitements ? 

"Quid des traitements ? Quel impact sur le pronostic de la Covid-19 ?", se demande le professeur Bertrand Cariou, médecin endocrinologue. "Certains d’entre eux, comme la metformine, semblent plutôt protecteurs car liés à une diminution du risque de décès à 28 jours dans l'ensemble de la population de CORONADO. À l’inverse, l’insuline, qui témoigne d’un diabète plus avancé, est reliée aux cas les plus sévères parmi les patients hospitalisés", a-t-il rapporté lors du dernier congrès de la Société Francophone du Diabète (SFD).

L’impact de l'obésité a également été étudié. Résultat : à côté du diabète, l'obésité a été identifiée comme une autre comorbidité métabolique participant aux formes sévères de la Covid-19. Plus précisément, elle est associée au risque d'intubation, mais pas de décès (à 7 et 28 jours de suivi). "Un des éléments importants mis en évidence dans l’étude est que le lien délétère entre l'obésité et la sévérité de la Covid-19 n'était retrouvé que chez les patients âgés de moins de 75 ans", souligne Bertrand Cariou. "Chez les plus âgés (> 75 ans), le risque est probablement plus rattaché à la dénutrition (poids plus faible)", ajoute-t-il. 

La Covid-19 est essentiellement liée à l'âge plutôt qu'au type de diabète

Par ailleurs, d’après les analyses, la sévérité de la Covid-19 semble plus faible chez les patients diabétiques de type 1 par rapport à ceux ayant un diabète de type 2. Ce constat concerne surtout les patients les plus jeunes (moins de 55 ans), alors que le risque de décès est identique chez les plus âgés (plus de 75 ans). Ceci suggère que le pronostic de la Covid-19 est essentiellement lié à l'âge plutôt qu'au type de diabète. Chez les patients atteints de diabète de type 1, on enregistre ainsi moins de 3% de décès, et aucun chez les moins de 65 ans. 

"En résumé, les résultats de l’étude CORONADO montrent que face à la Covid-19, il convient de protéger en priorité les sujets âgés (plus de 70 ans), d’autant plus s’ils présentent des complications micro-vasculaires", conclut Bertrand Cariou. 

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