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QUESTION D'ACTU

Médecins sous pression

Accouchements difficiles : comment ils influent sur le recours à des césariennes 


Si une femme a connu un accouchement difficile par voie basse, il y a plus de risque que la césarienne soit pratiquée pour la femme suivante. 

Accouchements difficiles : comment ils influent sur le recours à des césariennes 
 gorodenkoff/istock




L'ESSENTIEL
  • Les données rassemblées pour l’étude s’étalent sur plus de vingt ans.
  • L’autrice rappelle que rien ne garantit qu’un changement de méthode d’accouchement entre deux patientes diminue les risques de complication.
  • Elle suggère de réaliser davantage de tests, plutôt que de faire un choix inapproprié.

Plus de 750 000 accouchements ont lieu en France chaque année. Parfois, les choses se compliquent et les médecins doivent réagir vite : faut-il envisager une césarienne ou l’accouchement par voie basse est encore possible ? Une scientifique de l’université du Massachusetts, aux États-Unis, Manasvini Singh, a voulu comprendre comment ces décisions étaient prises. Elle rappelle qu’à ce moment précis, les médecins sont sous pression, tout en étant dans l’incertitude, et que le choix qu’ils s’apprêtent à faire peut avoir des conséquences pour la mère et l’enfant. Les résultats de l’étude sont publiés dans Science. 

Des accouchements liés les uns aux autres… involontairement 

Les données de cette étude concernent plus de 85 000 accouchements. La scientifique a identifié les complications telles que l’hémorragie, la détresse fœtale, une lacération périnéale ou le traumatisme obstétrical. Elle a ensuite réalisé une modélisation chiffrée, qui lui a permis de constater qu’il y a un lien entre les différents accouchements, de femmes différentes. Cela signifie que si une femme présente des difficultés à l’accouchement, cela va influencer la prise de décision des médecins obstétriciens pour les accouchements qui vont suivre. En termes de chiffres, l’autrice de l’étude estime que les complications lors d’une césarienne augmentent la probabilité d’un accouchement par voie basse par la suite de 0,6 à 2,4 points, c’est-à-dire une hausse de 3,4% au maximum. À l’inverse, des difficultés lors de l’accouchement par voie basse peuvent augmenter la probabilité d’un accouchement par césarienne pour les femmes suivantes de 3,6%. "Il n'y a aucune raison clinique pour laquelle les décisions d'accouchement pour deux patientes distinctes - liés uniquement par le fait d'être vues consécutivement par le médecin - devraient être causalement liées l'une à l'autre", indique Manasvini Singh. Elle précise que le choix du médecin n’est pas guidé dans ce cas par la situation particulière de la patiente : le choix de la césarienne ou de l’accouchement par voie basse est fait sans qu’il soit particulièrement justifié compte tenu de la santé de la patiente. 

Des conséquences pour la mère et l’enfant 

La scientifique a une expression pour désigner ce type de choix : il s’agit de preuves heuristiques, c’est-à-dire des règles simplifiées pour aider à prendre des décisions complexes."Même sans preuve de préjudice pour le patient, de tels écarts dans les choix de mode d'accouchement devraient être préoccupants étant donné les conséquences à long terme que des choix obstétricaux inappropriés causent à la mère et au bébé", souligne l’autrice. Elle précise que plusieurs études ont déjà prouvé les effets néfastes, à long terme, d’un mode d’accouchement inapproprié. 

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