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Produits ménagers

Les désinfectants augmenteraient l’antibiorésistance

Les désinfectants pourraient empêcher les antibiotiques de fonctionner tout en favorisant la résistance de l’organisme face à ces médicaments.

Les désinfectants augmenteraient l’antibiorésistance Maridav/iStock




L'ESSENTIEL
  • Les chercheurs ont testé les effets du produit désinfectant chlorure de benzalkonium (BAC) sur les agents pathogènes ESKAPE, un groupe de bactéries résistantes.
  • Le BAC peut empêcher les antibiotiques aminosides, notamment utilisés contre les staphylocoques, de fonctionner et favoriser l'évolution de bactéries résistantes.
  • Même à faibles doses, le BAC peut empêcher les aminosides de faire leur travail.

Les désinfectants ne sont pas toujours nos amis. S’ils permettent de vivre dans un environnement propre, les substances chimiques qu’ils contiennent ne sont pas sans dangers pour notre organisme. Une récente étude, publiée le 27 octobre dans la revue EBioMedicine, révèle un double effet de ces produits : ils favoriseraient la résistance aux antibiotiques et empêcheraient ces médicaments d’agir.

Un problème pour les patients gravement malades et immunodéprimés

C’est une menace qui plane, contre laquelle l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) tente d’alerter depuis plusieurs années : l’aggravation de l’antibiorésistance de bactéries pathogènes qui pourraient causer dans les années à venir de nouvelles pandémies. Parmi les bactéries résistantes se trouve un groupe connu sous le nom d'agents pathogènes ESKAPE pour les initiales de chacune des bactéries qui composent ce groupe (Enterococcus faecium, Staphylococcus aureus, Klebsiella pneumoniae, Acinetobacter baumannii, Pseudomonas aeruginosa et Enterobacter). Si elles sont habituellement inoffensives, elles peuvent entraîner une maladie mortelle si elles sont attrapées par un patient déjà gravement malade ou immunodéprimé qui peut alors développer une pneumonie, une septicémie et des infections des plaies.

Les chercheurs australiens de l’université Macquarie ont testé les effets du produit désinfectant chlorure de benzalkonium (BAC) sur les agents pathogènes ESKAPE. “Le BAC est un désinfectant biocide apprécié pour sa non-toxicité et, par conséquent, il est largement utilisé dans les soins de santé, la sécurité alimentaire et l'agriculture, ainsi que dans les produits ménagers courants tels que les lingettes antibactériennes, les désinfectants pour les plaies, les collyres et les gouttes auriculaires”, ajoute Francesca Short, chercheuse en sciences moléculaires et autrice de l’étude.

Les substances dangereuses même à faibles doses

Les résultats de l’étude ont montré que le BAC peut empêcher les antibiotiques aminosides, notamment utilisés contre les staphylocoques, de fonctionner. Ce produit pourrait aussi favoriser l'évolution de bactéries résistantes, “ce qui est extrêmement préoccupant compte tenu de leur large utilisation”, s’inquiète Ian Paulsen, co-auteur de l’étude. Les chercheurs ont découvert que même à faibles doses, le BAC peut empêcher les aminosides de faire leur travail, car il empêche les antibiotiques de pénétrer dans la cellule bactérienne.

L'équipe a découvert que même lorsqu'il est administré à de faibles niveaux, le BAC peut empêcher les aminosides de faire leur travail, car il empêche les antibiotiques de pénétrer dans la cellule bactérienne. “Cela augmente également considérablement la fréquence à laquelle de nouveaux mutants potentiellement résistants émergent, poursuit Ian Paulsen. Nos résultats suggèrent que des mesures doivent être prises pour empêcher l'exposition des bactéries à des niveaux inférieurs de BAC - des niveaux qui ne sont pas assez élevés pour tuer les bactéries mais peuvent être suffisamment élevés pour permettre aux mutations de se produire ou aider les bactéries à s'habituer progressivement aux effets des antibiotiques.”

En France, la baisse de consommation des antibiotiques s'accélère

En même temps que la publication de cette étude, on apprend aussi que la consommation d'antibiotiques a chuté en France en 2020. Cette tendance, qui s'observe depuis plusieurs années, s'est accentuée durant la crise sanitaire. Ce mardi, Santé publique France a publié les données issues des remboursements effectués par la Sécurité Sociale qui permet de savoir quel a été la consommation de médicaments antibiotiques. Celles-ci révèlent une baisse de 17% de la consommation et de 18% des prescriptions.

Cette diminution s'explique d'abord par un effet direct des gestes barrières et des confinements qui ont réduit la propagation d’autres maladies et donc le besoin d’antibiotiques. Ces mesures auraient également découragé les Français de consulter un médecin, “en particulier durant le premier confinement”, affirme Santé publique France. Malgré cette baisse, la France demeure parmi les plus gros consommateurs d'antibiotiques avec une consommation près d’un tiers supérieure à la moyenne européenne.

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