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Alloallaitement

Les femmes qui partagent leur lait maternel seraient-elles plus fertiles ?

Une étude menée auprès de 1 800 espèces de mammifères révèle que les femelles qui allaitent leurs petits, mais aussi ceux d’autres femelles, ont tendance à avoir des portées plus importantes.

Les femmes qui partagent leur lait maternel seraient-elles plus fertiles ? RomanovaAnn/iStock




L'ESSENTIEL
  • L’allaitement maternel est l’un des moyens les plus efficaces de préserver la santé et d’assurer la survie de l’enfant.
  • L’OMS recommande que les enfants commencent à être allaités dans l’heure qui suit leur naissance et qu’ils soient nourris exclusivement au sein pendant les 6 premiers mois de leur vie.
  • Malgré ces recommandations, en France, seuls 68,1 % de tous les bébés nés chaque année sont allaités à la naissance. À six mois, ce taux chute à 22 %.

Allaiter ses enfants, mais aussi ceux d’autres femmes, pourraient être un booster de fertilité. C’est, en substance, ce que démontre une nouvelle étude publiée dans les Proceedings of National Academy of Sciences. Celle-ci a passé en revue plus de 1 800 espèces de mammifères. Les résultats obtenus soulignent que les femelles qui pratiquent l’ "alloallaitement" ("allonursing" en anglais), c’est-à-dire qui nourrissent leurs petits mais aussi ceux d’autres femelles de la même communauté, auraient tendance à avoir des portées plus importantes.

Des petits au poids plus important

C’est Paola Cerrito, de l’université de New York (États-Unis), qui a mené ces travaux avec son collègue Jeffrey Spear, après avoir écouté le récit de sa grand-mère. Cette dernière lui aurait révélé que des femmes aidaient à nourrir les bébés d’autres femmes pendant la Seconde Guerre mondiale, "à une époque où ils souffraient tous de malnutrition".

Les chercheurs ont mis au point des modèles pour évaluer les effets de différents types d'aide parentale sur les performances de reproduction des mammifères sauvages et domestiqués. Ils ont notamment utilisé des données publiées précédemment qui portaient sur 1 806 espèces représentant tous les ordres de mammifères placentaires

Ils ont constaté que la domestication et le partage des responsabilités parentales, y compris le portage du nourrisson par le père, avaient un effet positif sur la taille de la portée et le poids de la progéniture. Les espèces domestiquées avaient par ailleurs des petits 68,2 % plus lourds que ceux des espèces sauvages.

Des portées plus grandes

Mais l'effet le plus important est lié au partage de l'allaitement. Les espèces chez lesquelles ce comportement a été observé ont produit une progéniture au poids supérieur de 83,1 % au cours d'une année, par rapport à celui de petits nourris par leur seule mère.

La domestication et l’alloallaitement n’avaient d’ailleurs seulement des conséquences sur le poids des petits, mais aussi sur leur nombre. Pour Paola Cerito, ces résultats suggèrent que, chez toutes les espèces de mammifères, des rongeurs aux primates, l'allaitement partagé profite donc à l'ensemble de la communauté.

Selon Jeffrey Spear, cette étude donne également un aperçu des avantages biologiques de la pratique culturelle de l'alloallaitement dans les sociétés humaines. "Nos recherches ont montré que lorsque les mammifères [partagent le lait], cela contribue à maximiser la production totale de la reproduction. En termes humains, cela signifie que plus de nourrissons survivent", résume-t-il au site New Scientist.

Pour Sandra Heldstab, de l'université de Zurich (Suisse), les conclusions de cette "étude très cool" sont surprenantes car jusqu’à présent, aucuns travaux n’avaient trouvé d’avantage reproductif à l’allaitement partagé. Elle encourage la poursuite des recherches qui pourraient permettre de déterminer les effets spécifiques en fonction de la quantité de lait réellement partagée selon les espèces et les cas.

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