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QUESTION D'ACTU

Entretien avec le Dr Eric Kariger du CHU de Reims

Affaire Vincent Lambert : «l'expertise médicale va apaiser le débat»

Le Conseil d'Etat a rendu sa décision sur le cas Vincent Lambert. Comme l'avait demandé le rapporteur public, il préconise une nouvelle expertise médicale dans un délai de deux mois.

Affaire Vincent Lambert : \ PFG/SIPA/SIP




Le Conseil d'État souhaite une nouvelle expertise médicale, dans le cadre de l'affaire Vincent Lambert, cet homme de 38 ans, en "état de conscience minimale plus" depuis un accident de voiture en 2008. Et dont la famille se déchire pour savoir s'il faut le maintenir en vie. En ce sens, il suit la solution proposée hier par le rapporteur public. Comme explication, le vice-président de la plus haute juridiction de l'ordre administratif a confié : « Des informations divergentes ont été émises concernant l'état clinique de Vincent Lambert. Pour cette raison, nous demandons une nouvelle expertise médicale. »


Pour le Dr Eric Kariger qui dirige l'unité de médecine palliative au CHU de Reims en charge de Vincent Lambert, cette décision est une "bonne nouvelle". Favorable à l'arrêt des traitements, ce médecin se réjouit que les juges aient estimé que la loi Leonetti sur la fin de vie s'appliquait bien au cas de Vincent Lambert. « Le Conseil d’État a d’ores et déjà jugé que l’alimentation et l’hydratation artificielles de M. Vincent Lambert constituaient un traitement au sens de la loi du 22 avril 2005 et que les dispositions de cette loi relatives à l’arrêt de traitement en cas d’obstination déraisonnable peuvent s’appliquer que le patient soit ou non en fin de vie », précise en effet la juridiction sur son site.

Ecoutez le Dr Eric Kariger, chef du pôle autonomie et santé au CHU de Reims : « On est rassuré des conclusions précises du Conseil d'Etat concernant le fait que la loi Leonetti s'applique aussi aux patients en état pauci-relationnel...»


Résultat, trois experts en neurosciences seront bientôt désignés pour entamer cette nouvelle expertise médicale. L'un par l'Ordre des médecins, l'autre par l'Académie de médecine, et le dernier par le Comité d'éthique. « Devant l'urgence de la situation, le Conseil d'Etat demande aux experts et consultants désignés par lui de remettre leur rapport dans un délai de deux mois (...) et l'assemblée du contentieux, la plus haute formation de jugement du Conseil d'Etat, se prononcera avant l'été », a ainsi ajouté devant la presse le vice-président du Conseil, Jean-Marc Sauvé.
Mais pour le Dr Eric Kariger, cette décison a surtout pour mérite d'apaiser les débats. Du fait de la neutralité des experts, l'expertise médicale qu'ils rendront sera en effet incontestable. Et elle aura surtout le mérite de faciliter la tâche des juges qui aujourd'hui, lors de l'audience, ne disposaient pas de tous les élements du dossier médical de Vincent Lambert.

Ecoutez le Dr Eric Kariger :  « Les juges ont souhaité mettre de l'indépendance en mandatant 3 experts. Intellectuellement je ne peux que me réjouir...»


Au final, ces trois médecins qui conduiront l'expertise médicale de Vincent Lambert devront se prononcer d'une part sur le caractère "irréversible" des lésions dont souffre le trentenaire tétraplégique en état de conscience minimale plus. D'autre part, ils devront établir si Vincent Lambert est en mesure de communiquer. Et enfin, si ses réactions peuvent être interprétées comme un rejet de soins ou, au contraire, comme un souhait que ce traitement soit prolongé, explique le Conseil d'Etat. 
Sur cette question, le Dr Eric Kariger rappelle qu'il a observé à plusieurs reprises que le corps de Vincent Lambert souffrait. Ce médecin précise même qu'à cause de sa souffrance, leur patient a déjà, à plusieurs reprises, "exprimé son refus des soins". Il souligne cependant que Vincent Lambert n'a pas conscience de son état, et que dans ces moments de refus, "c'est sa mémoire émotive qui se manifeste".

Ecoutez le Dr Eric Kariger : « Vincent Lambert n'a pas conscience de ses manifestations corporelles. Mais ce qui est certain c'est que son corps manifeste de la souffrance...»

 

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