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QUESTION D'ACTU

Poids et tabac





Il faut dire la vérité aux fumeurs, même si, pour 10 % d’entre eux, c’est un frein réel : les effets de la nicotine sur le poids sont indiscutables.  Déjà, au niveau de la population, les non-fumeurs pèsent plus lourds que les fumeurs. A l'arrêt du tabac, la prise de poids moyenne pour une femme est de 3,8 kg contre 2,8 kg chez l'homme. 
Ce n’est pas une règle, car il existe bien sûr des variations individuelles ,et près du tiers des ex-fumeurs ne prennent pas de poids à l'arrêt de la cigarette. Mais, comme cette prise de poids – on rappelle : 3,8 kg pour la femme – est une moyenne, cela veut dire que pour certains, certaines même, cela peut être beaucoup plus important : chez 10 % des fumeurs et 14 % des fumeuses, il s’agit de plus de 13 kg. Mais c’est essentiellement chez des gens de plus de 50 ans. Enfin, la prise de poids est d'autant plus importante que la consommation de cigarettes était grande.

Cette prise de poids est due à l’absence de nicotine. Celle-ci augmente la dépense énergétique de l'organisme. Le sevrage nicotinique a plusieurs conséquences. En premier lieu, il entraîne une baisse des dépenses énergétiques. 30 cigarettes par jour engendrent une dépense de 300 calories en moyenne. Il entraîne aussi une modification de la sécrétion d'insuline : il en résulte un retard d'apparition de la sensation de satiété, et donc, une augmentation de l'appétit. L'ensemble de ces éléments provoque une augmentation des apports caloriques de l'ordre de 400 à 500 calories par jour, et donc une prise de 2 à 3 kilos en moyenne en quelques semaines !
Ce n'est donc pas l'arrêt du tabac qui fait grossir, mais la cigarette qui permettait de maintenir "artificiellement" un poids plus bas.  On dit aussi que l'arrêt du tabac peut induire l'apparition de troubles du comportement alimentaire. Lorsque le mécanisme dont je viens de parler est seul en jeu, le sevrage tabagique n'entraîne qu'un gain de poids modeste, qui ne dépasse pas 3 ou 4 kilos. Mais un autre facteur peut conduire à une prise de poids importante : c'est le syndrome de manque nicotinique, qui provoque des pulsions à fumer compensées par la prise de nourriture.

En pratique, il faut bien l’avouer, cette prise de poids est un frein à l'arrêt du tabagisme ou un facteur de rechute pour bon nombre de personnes. Cela ne facilite pas les messages qui fleurissent en ce moment pour l’arrêt de la cigarette. Mais la médecine ne ment pas… du moins consciemment ! Il est indispensable dès les premières consultations de préciser que ce risque existe, qu'il est néanmoins moins néfaste que de poursuivre l'intoxication tabagique, et surtout, qu'il est possible de l'éviter ou du moins de le réduire. 

Alors, que peut-on faire ? On peut avoir recours aux subsituts nicotiniques, les patches ou les gommes. Ces médicaments ont deux avantages : prévenir les pulsions alimentaires présentes en début du sevrage, et prolonger quelques mois les effets de la nicotine, le temps d'adopter une hygiène de vie plus saine, pour limiter la prise de poids. 
Une étude a démontré que l'emploi de gommes peut aider à réduire la prise de poids consécutive à l'arrêt du tabac. Et plus précisément, les résultats semblent proportionnels à la dose consommée. Les femmes ayant employé davantage de gommes ont pris moins de poids que celles qui en avaient utilisé peu ou pas du tout. On peut aussi faire attention à ce que l’on mange et mettre en route un suivi diététique, et recommander bien évidemment très fortement la pratique d'une activité physique. 

La surveillance du poids, l'analyse des habitudes alimentaires et des activités physiques, et les conseils diététiques, font toujours partie des consultations d'aide au sevrage. Contrairement à ce que l'on aurait tendance à croire, l'arrêt du tabac facilite le changement d'alimentation. L'ex-fumeur retrouve en effet rapidement le goût et l'odorat, qui avaient été partiellement détruits par la cigarette, et qu’il compensait en mettant du gras et de la sauce. 
Enfin, pour être complet, devant l'apparition de troubles du comportement alimentaire, il est possible de proposer une psychothérapie qui obtient souvent de très bons résultats.

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