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QUESTION D'ACTU

Déficit immunitaire combiné sévère lié à l’X

Thérapie génique : 7 bébés-bulle sont sortis de leur chambre stérile

Plus de 15 ans de recherche ont porté leurs fruits : sept bébés-bulle sont parvenus à développer un système immunitaire. Ils ont pu sortir de l’hôpital et vivre une vie normale.

Thérapie génique : 7 bébés-bulle sont sortis de leur chambre stérile PATA/SIPA




Ils sont sortis de leur chambre stérile. Sept « bébés-bulle », atteints d’un déficit immunitaire très rare, ont été traités par thérapie génique. Les résultats d’un essai franco-américain, démarré en 2010, sont publiés dans le prestigieux New England Journal of Medicine. Ils évoquent l’espoir d’un nouveau traitement de référence dans le déficit immunitaire combiné sévère lié au chromosome X.

 

L’absence de lymphocytes T

Le déficit immunitaire combiné sévère lié à l’X (DICS lié à l’X) est une maladie héréditaire très rare, qui concerne une naissance sur 200 000 par an et qui touche principalement les garçons. Elle se caractérise par un nombre anormal d’infections, souvent graves (pneumonies, méningites, septicémies…), dès les premiers mois de la vie. Un mutation héréditaire sur le chromosome X empêche le fonctionnement des lymphocytes T, qui combattent les infections.

 

Pour éviter celles-ci, les enfants sont placés en chambre stérile tant qu’ils n’ont pas reçu de traitement. La plupart du temps, il s’agit de greffe de cellules souches provenant de moelle osseuse ou de sang de cordon, fournis par des proches compatibles (« allogreffe »). Cela permet de reconstituer le système immunitaire. Mais depuis une quinzaine d’années, des médecins-chercheurs du monde entier développent une nouvelle approche : la thérapie génique.

 

Si elle intéresse autant les scientifiques, c’est avant tout parce qu’il s’agit d’une « autogreffe » de cellules souches, ce qui ne pose pas de problème de compatibilité. Les médecins extraient les cellules souches malades et les corrigent in vitro, de manière à ce qu’elles expriment des lymphocytes T. Les cellules « réparées » sont ensuite injectées au patient, via un « vecteur. » Un vecteur n'est autre qu'un moyen de transport des cellules souches dans tout l'organisme et qu'elles soient assimilées.

 

Quatre patients guéris en France

L’approche a fait l’objet d’un premier essai, démarré en 1999 à l’hôpital Necker pour enfants malades (Paris) et mené par le Pr Alain Fischer. 15 ans plus tard, ils vivent toujours dans des conditions normales. Le second, dont les résultats viennent de paraître, a inclus cinq patients français et quatre patients américains. 

 

Parmi les Français, « quatre vivent aujourd’hui normalement, dans de bonnes conditions, leur immunité liée aux lymphocytes T fonctionne, et leur permet de combattre les infections, notamment celles très graves dont ils étaient porteurs », confie à pourquoidocteur le Pr Alain Fischer. « Le cinquième est malheureusement décédé, parce que la course contre la montre n’a pas été gagnée. Il est mort d’une infection extrêmement sévère avant que son système immunitaire ne puisse se reconstituer. » Les patients américains, eux, ont tous bien supporté le traitement.

Pour parvenir à ces bons résultats, l’équipe internationale a modifié le vecteur utilisé, un rétrovirus basé sur le virus de la leucémie murine.

 

Ecoutez le Pr Alain Fischer, médecin-chercheur à l’hôpital Necker : « Il y a eu des complications graves sous forme de leucémie. Dans cet essai, on a modifié le virus vecteur pour que l’expression d’un oncogène soit moins à risque de survenir. »

 

Travailler sur les lymphocytes B

La thérapie génique qui vise à reconstituer la production de lymphocytes T est un premier pas d’envergure. Mais plusieurs défis persistent. D’une part, il faudra continuer de suivre les patients afin de s’assurer de l’efficacité du traitement sur le très long terme. Ensuite, le risque toxique lié à la thérapie n’est pas encore écarté. Pour le moment, aucun patient du second essai n’a développé de leucémie. Mais dans le premier, un quart des malades en avaient souffert.

L’autre limite de cette thérapie génique, c’est qu’elle ne se concentre que sur les lymphocytes B.

 

Ecoutez le Pr Alain Fischer, médecin-chercheur à l’hôpital Necker : « Il existe un défaut de production des anticorps pour les lymphocytes B, qu’on ne corrige pas. Cela implique que les enfants aient besoin de recevoir des immunoglobulines. »

 

Malgré tout, les chercheurs n’excluent pas d’étendre cette thérapie génique a d’autres formes de déficits immunitaires. « Il y a des études en cours et en perspective, pour traiter d’autres formes de déficits immunitaire, notamment le syndrome de Wiskott-Aldrich, qui touche les garçons, et qui est plus compliqué parce qu’il touche les lymphocytes T et les plaquettes », précise le Pr Alain Fischer.

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