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QUESTION D'ACTU

Choc de simplification

Réforme de la médecine du travail : les généralistes au chevet d'un malade

La réforme de la médecine du travail prévue par le gouvernement, irrite les syndicats. Elle révèle aussi une spécialité à court de moyens, qui peine à affronter les défis actuels.

Réforme de la médecine du travail : les généralistes au chevet d'un malade CLOSON/ISOPIX/SIPA




Décidément, la médecine du travail vit des heures difficiles. Au nom du « choc de simplification », François Hollande vient de signer son arrêt de mort. « La visite médicale obligatoire n'est réalisée que dans 15% des cas, a-t-il souligné. Elle peut relever de la formalité impossible. Mieux vaut limiter et cibler ».

Des services saturés
Sa solution : déléguer une partie de la médecine du travail au médecin traitant. Une proposition qui a immédiatement provoqué l’indignation des syndicats de médecins. « La visite médicale est un espace de parole dédié au travail et à ses dysfonctionnements éventuels ; l'amiante chez l'électricien, l'asthme chez la coiffeuse, le burn-out chez le manager… », écrit la CFE-CGC dans un communiqué. « La médecine du travail est une spécialité à part entière et son désengorgement impose des recrutements », estime FO.

Le syndicat met le doigt sur l’un des maux qui rongent le secteur : son niveau de saturation et sa difficulté à recruter. Selon l'Atlas de l'Ordre des Médecins, la France compte  5600 médecins du travail - et la moyenne d'âge est élevée. Avec la médecine générale, la médecine du travail est la spécialité la moins prisée des étudiants.

Un fort immobilisme
D’ailleurs, l’idée d’une réforme n’est pas toute neuve. Depuis une bonne décennie, les rapports de l’Igas (Inspection générale des affaires sociales) se succèdent et pointent des dysfonctionnements majeurs au sein du milieu. « Système désorganisé », « manquements très fréquents dans l'application de la réglementation », agents « désabusés », et au final « impact du dispositif sur la santé des personnes mal évalué et [qui] reste incertain », peut-on lire dans l’un d’entre eux, daté de 2003.

Quatre ans et quelques réformes plus tard, nouveau rapport, même constat. Des retards « importants » s’accumulent dans les visites médicales. Une « crise démographique » s’est solidement installée, ainsi qu’une « culture des moyens plutôt que des résultats ». Au final, la médecine du travail serait « mal armée pour affronter les transformations du système productif ». Has been, quoi.

Médecine du travail, quels coûts ?
Le rapport de 2007 soulève un autre point qui fâche : le coût de la médecine du travail. « Il n’y a pas d’information globale accessible » à ce sujet, estiment les auteurs, qui, après « extrapolation rapide à partir des éléments d’informations disponibles », évaluent malgré tout son coût pour les entreprises à 70 euros par an et par employé - soit plus de 1,2 milliard d’euros par an.

D’ailleurs, dans le milieu patronal, l’argument fait mouche. Depuis plusieurs années, des voix s’élèvent pour dénoncer le coût de ce poste et remettre en cause cette obligation patronale inscrite dans la Constitution depuis 1946. A L’Ifrap, un think-tank à tendance libérale, on zieute avec envie le modèle allemand, où les entreprises ont le choix entre créer un service de santé autonome, s’inscrire à un centre de médecine du travail interentreprises, ou encore recourir à un médecin du travail libéral.

« Mieux » encore, en Angleterre, la médecine du travail n’est pas une obligation patronale. Les entreprises doivent simplement s’assurer que le travail ne nuise pas « dans la mesure du possible » à la santé de l’employé, et souscrire à une assurance privée agréé pour garantir une couverture minimale.

« Le travail est malade! »
Mais le modèle ne fait pas rêver les syndicats français. « Cette nouvelle démarche ne va pas permettre d'améliorer la santé au travail des salariés et ce ne sera certainement pas sans impact sur la compétitivité des entreprises, écrit encore la CFE-CGC. La mesure ampute cette spécialité médicale et la transforme en un simple bilan de santé, à une époque où nous savons par l'intermédiaire de notre population de cadres et techniciens que le travail est malade ! »

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