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QUESTION D'ACTU

Etude sur 4 334 personnes

La chirurgie bariatrique réduit le risque de diabète de 80 %

La chirurgie de l'obésité est associée à un risque réduit de 80 % de diabète de type 2, selon une large étude. Ces résultats plaident clairement en faveur d'une pratique plus large.

La chirurgie bariatrique réduit le risque de diabète de 80 % DESRUS BENEDICTE/SIPA




La chirurgie de l’obésité pourrait aussi être celle du diabète. Chaque année, 3 % des personnes en obésité morbide développent cette maladie chronique. La chirurgie bariatrique leur permet d’être en rémission. Mais il est possible d’agir plus tôt. En effet, ces interventions qui boostent la perte de poids réduisent aussi de 80 % le risque de diabète de type 2. C’est la conclusion d’une étude parue dans le Lancet Diabetes & Endocrinology.

 

Moins de diabète chez les opérés

Une équipe du King’s College de Londres (Royaume-Uni) a évalué l’impact du bypass (1), de la gastrectomie en manchon (2) - ou sleeve - et de l’anneau gastrique sur la survenue d’un diabète de type 2. Pour cela, le Pr Martin Gulliford et ses confrères ont recruté 2 167 personnes obèses qui allaient subir une de ces trois interventions, et autant qui ont intégré un groupe de contrôle. La durée médiane du suivi était de 2,8 ans, mais elle pouvait aller jusqu’à 7 ans.

Parmi les membres du groupe « chirurgie bariatrique », une petite moitié s’est fait poser un anneau gastrique par voie haute (3). 37 % ont subi un bypass, 15 % un sleeve. L’effet de ces opérations est clairement positif : 177 nouveaux cas de diabète ont été diagnostiqués dans le groupe de contrôle, contre seulement 38 dans l’autre groupe.

 

« La chirurgie de l'obésité est une chirurgie préventive »

Cette étude confirme les bienfaits de la chirurgie bariatrique dans la prévention du diabète de type 2. Plusieurs ont déjà livré des résultats dans le même sens. Mais le Dr Jacques Himpens, chirurgien bariatrique belge de l’hôpital universitaire Saint-Pierre (Bruxelles, Belgique), se montre assez critique : « de nombreuses questions restent sans réponse », juge-t-il dans un commentaire associé à l’étude. « Davantage de preuves sont nécessaires pour convaincre les endocrinologues de la nature de cet effet. » Il critique notamment le manque de prise en charge de l’obésité et des risques de diabète chez les sujets du groupe de contrôle, ainsi qu’un suivi relativement court.

 

Les conclusions de cette étude restent malgré tout importantes. Le surpoids est le principal facteur de risque modifiable dans le diabète. « Nos résultats suggèrent que la chirurgie bariatrique peut être une méthode efficace pour prévenir le développement d’un diabète, chez les hommes et les femmes avec une obésité sévère », estime le Pr Martin Gulliford, co-auteur de cette étude.
Un partagé partagé par le Pr David Nocca . « Cela veut dire, en gros, que la chirurgie de l'obésité est une chirurgie préventive », estime ce responsable de l’équipe de chirurgie bariatrique au CHU de Montpellier (Hérault), contacté par pourquoidocteur. « Si vous prenez un jeune de 20 ans, obèse avec un IMC à 35, et que vous l'opérez, il va avoir un risque de diabète dramatiquement moindre », ajoute-t-il.

 

« On a des listes d'attente à trois mois »

Mais les applications d'une telle étude sont limitées. En France, l'Assurance maladie considère toujours la chirurgie bariatrique comme un traitement « de dernier recours. » Ainsi, les interventions sont remboursées lorsqu'elles sont pratiquées sur des personnes obèses dont l'IMC dépasse 40, ou s'il se situe entre 35 et 40 et que le patient présente des comorbidités graves (diabète, hypertension, apnée du sommeil...).

 

L'autre limite de la chirurgie bariatrique, c'est la capacité d'accueil des hôpitaux français. « Le probème, c'est qu'on a fait 44 000 opérations l'an dernier, qu'il y a encore énormément de gens obèses supérieurs à 40 à opérer, et pas assez de places dans les blocs. Au CHU de Montpellier, on fait à peu près 500 opérations par an, ce qui est beaucoup, et on ne peut pas faire beaucoup plus », confie le Pr David Nocca. « On a des listes d'attente à trois mois, alors qu'on opère tous les jours. Si en plus il faut opérer des gens en 30 et 35... Mais je pense qu'il faudrait le faire, en sélectionnant bien. »

 

Trois formes courantes de chirurgie bariatrique

 

(1) Bypass gastrique : il s’agit d’une intervention qui « court-circuite » la majeure partie de l’estomac et le réduit à une petite poche. Cette dernière est directement reliée à l’intestin grêle. La première partie de l’intervention est qualifiée de « restrictive » car elle réduit la quantité d’aliments ingérés, la seconde « malabsorptive » car elle affecte l’assimilation des aliments.

 

(2) Gastrectomie en manchon, ou sleeve gastrectomie : lors de l’intervention, les 2/3 de l’estomac sont retirés; il s’agit de la partie qui sécrète l’hormone qui stimule l’appétit (la ghréline). L’estomac, lui, forme un tube vertical grâce auquel les aliments passent plus rapidement dans l’intestin. Cette technique ne perturbe pas la digestion, car les aliments sont ralentis lors de leur passage dans le tube. En revanche, la capacité de l’estomac est réduite.

 

(3) Pose d’un anneau gastrique par voie haute : un anneau de silicone est placé autour de la partie supérieure de l’estomac. Un mécanisme d’injection, qui servira à ajuster l’anneau, est fixé à la paroi abdominale. L’injection d’une solution saline permet de resserrer l’anneau, ce qui accélère la sensation de satiété. La digestion n’est pas impactée, mais l’entrée de la nourriture dans la partie supérieure de l’estomac est ralentie.

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