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QUESTION D'ACTU

Etude prospective

Virus émergents : se préparer au pire pour l’éviter

Les experts sont convaincus qu'une pandémie va frapper la planète. Faute de connaitre le virus responsable, la France doit s’entraîner à y faire face. En essayant aussi de vaincre nos résistances à la vaccination.

Virus émergents : se préparer au pire pour l’éviter Markus Schreiber/AP/SIPA




L'alerte est venue du Cambodge : 56 enfants décédés depuis le mois d'avril d'une maladie fulgurante inconnue. On sait maintenant qu’il ne s’agit pas d’une nouvelle maladie mais d’une forme grave du syndrome pieds-mains-bouche. La maladie est nommée ainsi à cause de la localisation des premières lésions qu’elle cause sur la peau. Mais dans le cas de ces enfants cambodgiens, elle s’est compliquée en pneumonie sévère et a provoqué ces décès en à peine 24 heures. Une fois la maladie reconnue et le virus responsable identifié, les mesures de prévention adéquates peuvent être appliquées pour limiter la propagation.

Mais que faire s’il s’était agit d’une maladie dite émergente, causée par un virus animal inconnu comme ce fut le cas en 2003 avec le SRAS ? La sénatrice UMP du Bas-Rhin Fabienne Keller et la délégation sénatoriale à la prospective viennent de lister, dans un volumineux rapport d’information, 10 leviers d’actions pour se préparer au mieux à cette éventualité.
Prévoir l’émergence d’une nouvelle infection n’est pas possible. Il faut donc que notre système de santé puisse réagir le plus rapidement et le plus efficacement possible. Cela ne s’improvise pas dans l’urgence, il faut que tous les acteurs, experts et décideurs s’y soient entrainés. C’est le principe des scénarios qui fonctionnent comme de véritables jeux de rôle.


Patrick Zylberman, historien de la médecine à l’Ecole des hautes études de santé publique : « Imaginer un éventail de situations de crise pour s’entraîner, c’est le seul moyen de ne pas être pris au dépourvu ! »



La sénatrice Fabienne Keller appelle donc de ses vœux un grand exercice de crise. « Il faut créer des réflexes et des habitudes de travail entre les experts des différentes institutions, explique l’élue alsacienne. Associons aussi des sociologues et des communicants à cet exercice pour travailler sur l’information qui doit être délivrée à l’ensemble de nos concitoyens ». Sur ce point, la pandémie H1N1 aura permis de mettre en lumière une particularité française, la réticence à la vaccination. C’est avant la crise qu’il faut désamorcer ces craintes, qu’elles soient fondées ou non.

Fabienne Keller, sénatrice UMP du Bas-Rhin, auteure du rapport sur les nouvelles menaces des maladies infectieuses émergentes : « Il faut revenir sur les peurs nées de la vaccination contre l’hépatite B  pour restaurer la confiance avant la prochaine pandémie »



Car il y aura une prochaine pandémie, c’est certain. Plus de 300 nouvelles maladies infectieuses ont été découvertes depuis 1940 : du virus du Sida au SRAS en passant par la maladie de la vache folle et le chikungunya. La concentration de population humaine dans les mégalopoles, les pratiques agricoles qui rapprochent les hommes de la faune sauvage ou encore le changement climatique favorisant la multiplication de certains moustiques vecteurs sont autant d’évolutions propices à l’émergence de nouvelles maladies infectieuses.
Pour les experts, le scénario catastrophe serait un virus hautement contagieux, très meurtrier, avec une période d’incubation courte et des moyens de traitement limités. « Dans le pire des scénarios, vu la vitesse à laquelle se déplacent les virus avec les avions, on aurait du mal à éviter le pire, reconnaît Arnaud Fontanet, responsable de l’unité d’épidémiologie des maladies émergentes à l’Institut Pasteur à Paris. D’où l’importance d’être vigilant et réactif », . Le réalisateur américain Steven Soderbergh lui a déjà envisagé le pire dans Contagion, sorti fin 2011 sur les écrans français. Un vaccin mis au point très rapidement assurait au film son happy end. Pas sûr que la réalité soit aussi hollywoodienne.

 


 

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