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1er trimestre de grossesse

Dépression : la paroxétine augmente le risque de malformations foetales

L'exposition du foetus à la paroxétine durant le 1er trimestre de grossesse augmente de 23 % le risque de malformations.

Dépression : la paroxétine augmente le risque de malformations foetales REAU ALEXIS/SIPA

  • Publié le 07.01.2016 à 06h20
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Préparer sa grossesse semble incontournable pour les femmes qui souffrent de dépression, afin d'éviter à leur bébé d'être exposé à des traitements, possiblement dangereux. C'est notamment le cas de la paroxétine, un inhibiteur sélectif de la recapture de sérotonine (ISRS), associé à un risque de malformations congénitales, lorsqu'elle est administrée au cours du premier trimestre de grossesse. Une méta-analyse parue dans le British Journal of Clinical Pharmacology revient en détail sur les effets de ce médicament régulièrement prescrit.

La paroxétine est considérée comme un produit sûr au cours de la grossesse jusqu’en 2005. C’est alors qu’une petite étude, non publiée par le laboratoire qui la commercialise, met en évidence un risque de malformations cardiaques chez les nourrissons exposés in utero. Plusieurs études européennes et nord-américaines sont ensuite menées.

« Depuis près de 10 ans, nous disposons de preuves qui démontrent que la paroxétine prise au 1er trimestre de grossesse augmente le risque de malformations cardiaques, souligne le Pr Anick Bérard, auteur de cette méta-analyse, contactée par Pourquoidocteur. Mais beaucoup d’études sur ce même risque ont apporté des résultats discordants. »

 

Risque accru de 28 %

La paroxétine éveille les soupçons parce qu’elle est capable de traverser la barrière placentaire. Des traces de la molécule se retrouvent jusque dans le liquide amniotique. « L’organogénèse, au cours du premier trimestre de grossesse, est la période à risque », précise le Pr Bérard. Mais l’effet sur la santé du nouveau-né continue de faire l’objet de débats. La question porte notamment sur la cause de ces malformations : est-ce le médicament, la dépression ou la méthodologie ? Afin de trancher, l’équipe du Pr Bérard a réalisé une revue de la littérature publiée entre 1966 et 2015 sur le sujet.

Les chercheurs ont retenu 23 publications suffisamment solides à leurs yeux. Ils concluent que le risque de malformation congénitale est accru de 23 % lorsque le nourrisson est exposé à la paroxétine au cours du 1er trimestre de la grossesse. Ce risque est encore plus élevé si l'analyse ne porte que sur les malformations cardiaques (+ 28 %). Dans des anomalies spécifiques, il peut être doublé, même si le risque global reste faible.

Ecoutez...
Anick Bérard, chercheuse au CHU Sainte-Justine (Canada) : « Le risque de malformation congénitale est de 3 %. Avec la paroxétine, il passe à presque 4 %. »

 

Un projet de grossesse à évoquer

Ces résultats confirment le danger annoncé par l’Agence américaine des produits alimentaires et médicamenteux (FDA). En 2005, elle a rendu obligatoire un étiquetage qui mentionne les risques associés à la prescription. Mais comme le souligne Anick Bérard, « même s’il y a des signes forts démontrant que la paroxétine ne devrait pas être utilisée pendant la grossesse, elle demeure un des antidépresseurs les plus utilisés au cours de cette période ».

La prescription de cet antidépresseur est donc déconseillée aux femmes enceintes. Mais les expositions peuvent aussi être involontaires : la prise du médicament se poursuit entre la fécondation et le moment où la grossesse est découverte… soit pendant la période critique de formation des organes.

Ecoutez...
Anick Bérard : « La plupart des prescriptions ont lieu avant la grossesse. Les expositions se font par inadvertance. On demande donc aux femmes de ne pas arrêter du jour au lendemain. »


Au-delà des risques de malformations, cette méta-analyse soulève la délicate question de la prescription des antidépresseurs au cours de la gestation. Selon Anick Bérard, 85 % des femmes enceintes souffrent de dépression légère à modérée. Dans ces situations, des alternatives aux médicaments existent, comme l’exercice physique ou la psychothérapie. Mais elles doivent être mises en place avant la grossesse, car le passage d'une solution à l'autre prend du temps.

Ecoutez...
Anick Bérard : « Arrêter l’antidépresseur peut prendre 4 à 5 semaines. Une psychothérapie peut prendre deux à trois mois avant d’en voir les bénéfices. »


En prévention des complications, les femmes dépressives sont donc invitées à évoquer leur projet de grossesse avec un spécialiste en amont de la procréation. Cette discussion permet d’adapter la prise en charge, si cela est possible.

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