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Obésité : quand une coupe de cheveux met en péril la santé !

La pratique du sport pourrait être limitée chez les adolescentes afro-américaines, plus exposées à l'obésité, en raison de considérations d'ordre capillaire, selon une étude. 

Obésité : quand une coupe de cheveux met en péril la santé ! kazzakova/epictura

  • Publié le 11.08.2016 à 16h48
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Les jeunes Afro-Américaines renoncent-elles au sport pour préserver leur coiffure ? La question peut sembler tirée par les cheveux mais elle est des plus sérieuses, et fait l’objet d’une étude publiée dans le BMC Obesity. Travaux qui révèlent un lien inattendu entre obésité, activité physique et coupe capillaire.

Suer fait friser

Deux sœurs, chercheuses d’origine afro-américaines et expertes de l’obésité, ont investigué ce champ inconnu de la science. Le raisonnement qu’elles ont développé se décline ainsi : chez les adolescentes noires, la prévalence de l’obésité est plus élevée que chez les blanches et la pratique du sport, moins importante. Par ailleurs, une très forte proportion d’Afro-Américaines se fait lisser les cheveux - or tout le monde sait que la sueur, ça fait friser.

De ces constats naissent l’hypothèse d’un lien entre les moindres taux d’activité physique observés et la volonté des jeunes filles de ne pas anéantir une coiffure élaborée au terme d’une longue séance chèrement payée. La question ne renvoie pas à leur seule coquetterie ; elle se réfère également à des comportements sociétaux décrits par les chercheuses sur le site de l’Université de Michigan.

« Le fait de laisser ses cheveux au naturel est souvent mal vu, expliquent-elles. (…) Il existe aussi une perception selon laquelle pour être accepté dans l’Amérique « mainstream », les cheveux lisses sont plus appropriés que les cheveux tressés, en dreadlocks ou crépus ». Pour évoluer dans leur carrière ou s’intégrer pleinement, les femmes noires peuvent être tentées de lisser leur chevelure car « il y a parfois une connotation négative dans tout style ‘’ethnique’’ ».

Transformations à l'adolescence

Bref, la coupe afro ne correspond pas forcément aux modèles prisés par la majorité des femmes noires. Une préférence qui s’installe à l’adolescence, expliquent les auteurs, au moment où la courbe de l’obésité grimpe en flèche au sein de cette population. A quel point la hantise du frisottis peut-elle donc influer sur ces chiffres ?

Pour étudier le lien, les chercheuses ont soumis 36 adolescentes afro-américaines âgées de 14 à 17 ans à des questionnaire. L’échantillon est réduit mais les résultats témoignent de plusieurs tendances. D’abord, les considérations à propos des coupes de cheveux tendent à se modifier entre 8 et 15 ans, quand les jeune filles troquent leur style « juvénile » (cheveux naturels) pour un style « adulte » (cheveux lisses).

Par ailleurs, les participantes ont effectivement déclaré éviter de se mouiller ou de transpirer pendant un exercice physique parce qu’elles craignaient que leur chevelure ne devienne crépue. Presque toutes ont jugé les coupes naturelles plus pratiques pour le sport, mais moins « attractives ». « D’autres études suggèrent que 40 % des femmes adultes noires ont au moins une fois évité une activité physique pour ne pas ruiner leur coiffure », précisent les chercheuses.

Adapter le message

Les auteurs de l’étude voient ainsi un facteur potentiel influant sur les taux d’activité sportive. Et si certains s’en étonnent, « parmi ceux qui sont familiers avec ces problématiques, les réactions sont opposées, expliquent les chercheuses. ’’Tout le monde sait cela, pourquoi y a-t-il besoin d’une étude pour le montrer ?’’, m’a demandé mon coiffeur ! »

Il y a des leçon à tirer de ces étonnantes conclusions. D’abord, on ne soupçonne pas le nombre et la nature des facteurs sociaux, environnementaux, ethniques et psychologiques qui peuvent influer sur une situation sanitaire - en l’occurrence, les taux d’obésité et les niveaux d’activité physique. Par ailleurs, ce type de travaux doit permettre d’adapter le message délivré à chaque population, en incluant tous ces facteurs - et, éventuellement, en réfléchissant à un moyen de concilier sport et coiffure.

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