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Tampons, coupes menstruelles

Choc toxique menstruel : quatre fois plus de cas depuis 2004

Les chocs toxiques sont en augmentation en France. De 2004 à 2014, le nombre de cas est passé de 5 à 22. Les jeunes femmes sont mal informées des risques pendant leurs règles.

Choc toxique menstruel : quatre fois plus de cas depuis 2004 dstaerk/epictura

  • Publié le 20.10.2016 à 11h54
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Les tampons doivent être portés huit heures maximum. L’avertissement est présent sur tous les paquets de tampons. Au-delà de cette période, le risque de syndrome du choc toxique (SCT) augmente fortement. Un message clair mais largement ignoré du grand public comme des professionnels de santé. Il faut dire que la maladie est particulièrement rare : 22 cas ont été diagnostiqués en 2014. Le SCT n’en est pas moins grave puisqu’il aboutit souvent à une hospitalisation et peut engendrer de sévères complications. Pour éveiller les consciences, les Hospices civils de Lyon (Rhône) tirent la sonnette d’alarme.

C’est Gérard Lina qui est à l’origine de cette alerte. Ce spécialiste de la bactériologie est à la tête du laboratoire de bactériologie et des mycobactéries au CH Lyon-Sud. Depuis 2004, il a observé une nette augmentation des cas de SCT menstruels. Ils sont passés de 5 à 22 en 2014. Toutes ces jeunes femmes ont présenté les symptômes typiques : fièvre, vomissements, maux de gorge, diarrhées, étourdissement… Une hausse brutale et apparemment inexpliquée. Et surtout : « Parmi ces 20 cas, 16 à 18 concernent des jeunes filles en bonne santé qui finissent en réanimation », déplore le chercheur.


Source : Hospices Civils de Lyon

Le secret des fabricants

Voilà 20 ans que Gérard Lina s’intéresse au syndrome du choc toxique pendant les règles. La maladie est causée par un staphylocoque doré présent naturellement dans le vagin. Il compose 4 % de sa flore. Parmi ces bactéries, un quart libère une toxine qui provoque le SCT. « La toxine n’est pas présente dans le tampon », souligne-t-il. Un détail important qui est souvent oublié. Et pour cause : les règles favorisent la survenue du SCT lorsque les flux sont bloqués par une protection – tampon ou coupe menstruelle. « Les fluides servent en quelque sorte de milieu de culture, illustre le Pr Lina. Si la protection périodique est portée trop longtemps, le risque de développement du staphylocoque augmente. » Voilà qui explique la confusion.

La plupart des personnes développent des anticorps à l’encontre de cette toxine. C’est ce qui explique la rareté des incidents, qui surviennent surtout chez de jeunes femmes. Mais certains facteurs favorisent le développement du staphylocoque doré et de sa toxine. Parmi eux, la composition du tampon. « La littérature montre le polyacrylate favorise les chocs toxiques », indique Gérard Lina. Seul problème : l’industrie des protections périodiques maintient le secret le plus total sur les composants utilisés malgré les demandes répétées. La capacité d’absorption des tampons pose également problème, puisqu’elle rallonge la durée pendant laquelle le produit est porté.

Une épidémie américaine

Des solutions concrètes existent pour prévenir le SCT. Mais le sujet reste tabou. Dans le rayon des protections périodiques, l’apprentissage se fait sur le tas. « Les règles sont vues comme quelque chose de sale », résume Gérard Lina. Ce constat, il n’est malheureusement pas le seul à l’émettre. Un vague malaise plane donc au-dessus des protections périodiques et les jeunes filles ne sont pas éduquées aux mesures de précaution. Si elles ne prennent pas le temps de déchiffrer les notices, les erreurs sont donc faciles. « Les deux tiers des jeunes femmes interrogées ont regardé la notice d’utilisation, les autres non », déplore le Pr Lina.

Un autre obstacle majeur se pose sur le chemin de ce chercheur. La déclaration du syndrome du choc toxique n’est pas obligatoire. Il doit donc s’en remettre à la bonne volonté des médecins qui rapportent les cas au centre national de référence. Encore faut-il qu’ils le connaissent. « Il est impossible de savoir si notre mesure est exhaustive », conclut Gérard Lina. Si une épidémie se prépare, il sera donc difficile de l’observer.

Les Etats-Unis ont fait face à ce problème dans les années 1980. Il a fallu une épidémie pour que les autorités mettent en place un système de surveillance. Désormais, tout cas doit être signalé. Un recul progressif et soutenu des nouveaux cas a suivi. A Lyon, le Pr Lina veut s’inspirer de ce modèle. Il fait appel à la participation des patientes et leurs médecins. Après un SCT, tout échantillon peut lui être envoyé. Cela permettra d’améliorer les connaissances. Et les tampons ne sont pas les seules protections concernées. Les coupes menstruelles très en vogue actuellement peuvent également être impliquées. 

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