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Saignements anormaux

Règles : un tabou qui menace la santé des femmes

Tous les saignements vaginaux ne sont pas liés aux règles. Mais toutes les femmes ne le savent pas. Le tabou qui pèse sur ce domaine peut avoir des effets néfastes sur la santé.

Règles : un tabou qui menace la santé des femmes belchonock/epictura

  • Publié le 02.08.2017 à 10h05
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Cachez ce sang que je ne saurais voir ! A bien des titres, le silence pèse autour de l’hémoglobine qui s’écoule du vagin. Si les pays développés ne sont pas épargnés, les conséquences sont souvent plus tragiques dans les zones défavorisées. Six chercheuses, américaines et anglaises, le rappellent dans le BMJ Global Health. Elles appellent à une véritable levée de ce tabou injustifié.

Le processus est des plus naturels. Chaque mois, l’endomètre – paroi interne de l’utérus – se détache et s’écoule. Ce sont les règles. Elles sont pour ainsi dire le compagnon de vie d’une femme, puisqu’ils remplissent 2 400 jours de son existence en moyenne. Mais nombre l’admettront, c’est aussi le premier tabou.

Tabou et manque de matériel

Il n’y a qu’à voir les mines gênées dans les rayons des supermarchés pour s’en convaincre. Les menstruations sont une affaire intime, dont on évite de parler. Dans certains contextes, cela peut s’avérer dévastateur, déplorent les auteures de cet article. En Iran, par exemple, 48 % des jeunes filles pensent que les règles sont une maladie, selon l’Unicef.

Et en l’absence de discussions sereines sur ces écoulements sanguins, les idées reçues persistent. En Inde, mieux vaut ne pas s’aventurer dans la cuisine en période menstruelle. Cela pourrait contaminer la nourriture. Les Boliviennes, elles, ont interdiction de jeter leurs protections périodiques dans la poubelle, ou même de se laver. Un interdit qui augmente considérablement le risque d’infection des voies génitales.

Dans d’autres régions, le tabou se voit doublé de manques matériels. Comme le rappellent les auteures de cet article, seules 44 % des Nigériennes disposent du nécessaire pour gérer leurs menstruations en toute sécurité. Ce qui inclut les protections périodiques, mais aussi les sanitaires permettant de se laver. Difficile, aussi, d’accéder à une information claire – même en se rendant à l’école – ou à des soins adaptés.

Des maladies sous silence

Mais le nœud du problème, c’est sans doute le manque d’éducation. Sans elle, femmes et jeunes filles ne pourront pas faire la différence entre des saignements normaux ou non. Or, 5 à 15 % de la population féminine sont concernés par des hémorragies non menstruelles. Celles-ci peuvent survenir après une fausse-couche ou un accouchement, mais aussi à cause d’une maladie.

Non traités, ces écoulements sanguins peuvent affaiblir des personnes déjà fragiles, comme les femmes malnutries, sous-alimentées ou atteintes de pathologies chroniques – comme le VIH. Mais le tabou s’avère là aussi dangereux, puisque le silence peut masquer une pathologie grave, comme un cancer des voies reproductives.

Au Nigéria, par exemple, 29 % des femmes sont porteuses d’un fibrome. Or, cette tumeur bénigne non cancéreuse augmente fortement le risque de saignement anormal. Celui-ci peut donc être un signe d’alerte qui devrait conduire au traitement.

Education et jeux

Ces inégalités sont d’autant plus intolérables que les manières d’y remédier sont connues, déplorent les chercheuses. Inclure la santé féminine dans les campagnes d’éducation est un moyen simple, mais efficace, d’améliorer la prise de conscience. Et d’aider les femmes à faire, enfin, la part entre un saignement naturel et une hémorragie anormale.

Des initiatives existent, heureusement. Au Pakistan, une application mobile didactique, lancée en 2016, apprend aux jeunes femmes les notions de base autour des menstruations. Baptisé MoHim, le jeu présente une culotte rose, avec laquelle le joueur est chargé de ramasser des serviettes hygiéniques en évitant toutes les alternatives inadaptées, comme des feuilles ou des chiffons usagés. Une association a également milité pour l'introduction d'un emoji sur les règles. La consultation, organisée en juin, a rassemblé 54 600 votes.

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