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Dépression, troubles anxieux

Partager le congé parental pour améliorer la santé des mères

Les politiques publiques incitant davantage de pères à prendre un congé pour s’occuper de leurs enfants ont un impact bénéfique sur la santé mentale des femmes.

Partager le congé parental pour améliorer la santé des mères      OJO Images / Rex Featur/REX/SIPA

  • Publié le 17.01.2014 à 11h31
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A en juger par le différentiel d’espérance de vie entre hommes et femmes, le genre féminin est un indéniable atout en matière de santé. Sauf lorsque les inégalités socio-économiques s’en mêlent, comme c’est le cas par exemple avec le congé parental. Dans une revue de la littérature, des spécialistes canadiens et espagnols en épidémiologie sociale ont comparé les législations en vigueur dans différents pays et différents états américains. Il en ressort que les politiques publiques qui facilitent la parentalité partagée et encouragent les hommes à prendre des congés parentaux ont des effets bénéfiques sur la santé des femmes.

« En adoptant des politiques permettant aux couples de partager le congé parental, les responsabilités en matière de soins des enfants et de tâches ménagères ont tendance à être plus équitablement réparties entre les deux parents. Ce qui réduit les niveaux de stress mental et physique ressentis par les femmes », explique Pat O’Campo, l’une des auteurs de l’étude. Dans les pays du Nord de l’Europe les plus proactifs en matière de parentalité partagée, les femmes rapportent également moins de symptômes dépressifs, de troubles de l’humeur et d’anxiété qu’ailleurs.

 

Ces résultats ne surprennent pas la sociologue Danielle Boyer, conseillère à la direction Statistiques, Etudes et Recherche de la Caisse nationale des allocations familiales. « En entretien, les femmes en congé parental à temps plein révèlent souvent être dans des situations de perte totale de confiance en elles. Elles se disent incapables de reprendre leur emploi tant elles se sentent éloignées du monde du travail et l'approche de la fin est une source de grandes angoisses », raconte la spécialiste.

 

Ecoutez Danielle Boyer, conseillère à la direction Statistiques, Etudes et Recherche de la Caisse nationale des allocations familiales : « Réel ou ressenti, ce sentiment de déclassification sociale et professionnelle mène certaines femmes à de réelles dépressions ».

 

Objectif 100 000 pères en congé parental en 2017

Dans le cadre du projet de loi pour l’égalité femmes-hommes, la France a entrepris de réformer le congé parental qui est pour le moment un congé maternel dans 96,5% dans des cas. « L’égalité aujourd’hui, c’est donner aux pères la liberté d’être pères pour donner aux mères la liberté d’être autre chose que des mères », argumente sur son site internet la ministre Najat Vallaud-Belkacem, dont l’objectif est d’inciter 100 000 pères à prendre une partie du congé parental en 2017 alors qu’ils ne sont que 18 000 par an actuellement. Un sondage Ifop pour le ministère des Droits des femmes a montré que 89% des Français se disent favorables au principe d’une meilleure répartition du congé parental entre la mère et le père. Pour les enfants qui naitront à partir du 1er juillet 2014, la durée actuelle de 6 mois de congé pour le 1er enfant pourra être complétée par 6 mois pour le 2e parent et pour les enfants suivants, la durée actuelle de 3 ans deviendra 2 ans et demi maximum pour l’un des parents et 6 mois pour l’autre.

Les deux parents pourront prendre en même temps leurs congés parentaux à temps partiel, ce qui pourrait être une solution bénéfique à la fois en matière de santé des mères et de réduction des inégalités hommes-femmes. « Les rares hommes qui prennent un congé parental le prennent dans 70% des cas à temps partiel contre seulement 40% parmi les femmes », souligne la sociologue. Sur le plan des risques psychosociaux, cette forme partielle du congé parental a l’avantage de ne pas isoler le parent de son environnement professionnel et social, empêchant ainsi le sentiment de déclassification qui peut mener jusqu’à la dépression. Mais Danielle Boyer reste assez sceptique sur l'évolution des mentalités.

Ecoutez Danielle Boyer : « Les hommes que j’ai interrogés préfèrent rester dans l’invisibilité vis à vis de leur employeur. Ils préfèrent laisser penser qu’ils sont en RTT plutôt que d’afficher leur choix du congé parental ».

 

L'obstacle financier reste également important. « Le congé parental est top peu rémunéré pour être véritablement attractif pour les pères, souligne Danielle Boyer. Il reste plutôt une solution choisie ou subie par les femmes percevant des petits salaires et travaillant dans des conditions précaires ».

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