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Drame

Tours : deux personnes âgées décèdent dans la salle d'attente des urgences bondée

Deux femmes âgées de 90 ans sont décédées dans la salle d'attente des urgences de Tours à quinze jours d'intervalle, alors qu'elles attendaient sur des brancards depuis plusieurs heures. Deux drames qui ne font qu'illustrer l'implosion des hôpitaux français. 

Tours : deux personnes âgées décèdent dans la salle d'attente des urgences bondée beerkoff /istock

  • Publié le 18.05.2018 à 13h35
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Depuis les révélations faites sur la mort de Noami Musenga, décédée fin décembre après avoir contacté le Samu de Strasbourg qui s’était moqué d’elle au téléphone, les témoignages relatant des faits de négligence affluent dans les médias.

France Bleu Touraine rapporte en effet les cas de deux femmes âgées de 90 ans décédées dans la salle d'attente des urgences de Tours à quinze jours d'intervalle. Toutes deux étaient en fin de vie des suites d'une maladie grave et sont restées entre 4 et 6 heures allongées sur un brancard dans la pièce. "C'est un phénomène exceptionnel", commente auprès de France Bleu le professeur Pierre-François Dequin, responsable médical du Pôle Urgences du CHRU Trousseau. "Les équipes soignantes sont meurtries, blessées, choquées par ces décès indignes". Le premier est survenu dans la nuit du 11 au 12 avril, le deuxième le 3 mai dernier. Ceci suggérant que le premier décès n'était pas un cas isolé.

Les urgences sont-elles dépourvues d'affecte ?

Le médecin rappelle pourtant que "les équipes sont formées pour accompagner des patients dans les derniers moments de vie". Dans le cas présent cependant, les deux patientes ont rendu leur dernier souffle sans assistance dans une salle d'attente surpeuplée de 12 et 15 brancards, alors qu'elle ne peut en accueillir que six.

"Le personnel a été choqué de ne pas pouvoir les accompagner dans leur décès" témoigne une soignante des urgences sous couvert d'anonymat. "Ce qui choque encore plus les soignants c'est quand notre direction appelle cela un 'événement indésirable grave'. On ne peut pas enlever l'affecte vis à vis de tout ça. C'est encore plus choquant pour nous, car on a alerté à maintes et maintes reprises la direction sur le fait que cette salle d'attente n'était pas la solution. On a dénoncé les conditions d'accueil des patients qui se dégradaient. C'est la saturation dans les urgences tous les jours."

L'implosion des hôpitaux français

Ces deux drames témoignent-ils de l'implosion des centres hospitaliers français ? D’après les chiffres fournis par le ministère de la Santé vendredi 16 mars, 97 hôpitaux sur 650 ont dû activer le plan "hôpital en tension" afin d’obtenir l’ajout de lits supplémentaires dans les différents services. 

Le syndicat Samu-Urgences de France signalait le 9 mars dans un communiqué qu’en l’espace de deux mois et demi, plus de 15 000 patients avaient passé la nuit sur un brancard faute de lit pour les hospitaliser dans un service. Depuis le mois de janvier, 100 000 patients ont passé la nuit sur un brancard. Même constat observé dans les services d’urgences pour adultes des établissements de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP), qui accusent un taux d’occupation en journée de 15% à 25% supplémentaire par rapport au taux moyen en 2016, soit "pratiquement le niveau observé au pic des épidémies hivernales", rapporte Le Monde.

Le 6 mars dernier, une femme de 73 ans est décédée aux urgences du CHU de Reims après avoir patienté deux heures et demi sur un brancard et sans avoir été examinée. À Lyon, c’est une étudiante de 19 ans qui est morte d’un abcès du cerveau, secondaire à une otite compliquée. Elle s’était rendue aux urgences de l’hôpital Édouard-Herriot à deux reprises et avait été renvoyée chez elle avec un traitement antibiotique.

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