L’anxiété ponctuelle est une émotion normale qui nous aide à augmenter notre niveau de concentration et de vigilance en cas de menace ou de défi. Persistante et intense, elle peut devenir une maladie invalidante (« trouble anxieux généralisé »).
Des mots pour les maux
L’anxiété ponctuelle est normale, mais on parle souvent d’anxiété pour décrire des situations de trouble permanent. On parle également de « nervosité » ou de « soucis ».
Pour les médecins, l’anxiété permanente et pathologique est appelée « trouble anxieux » ou « trouble anxieux généralisé ».
D’autres « troubles anxieux » ont des manifestations particulières : le « trouble panique aigu » (correspondant à des crises d'angoisse aiguës survenant de manière périodique), les « phobies » (l’agoraphobie ou l’hypochondrie), les « TOCs » (Troubles Obsessionnels Compulsifs) ou un « état de stress post-traumatique » (ou PTSD).
L’anxiété est une émotion naturelle face à une menace ressentie. Elle permettait à nos ancêtres préhistoriques d’éviter le danger et de survivre en milieu très hostile.
• L'anxiété est une émotion normale et utile, qui fait partie de nos réactions d'adaptation aux stimulations extérieures, et qui nous permet de mobiliser notre attention et d'élever notre vigilance dans des situations de nouveauté, de choix, de crise ou de conflit. L'anxiété est normale lorsqu'elle est bien tolérée, qu’elle reste contrôlable, qu’elle n’est pas perçue comme une souffrance excessive et qu'elle n'a pas de retentissement sur la vie quotidienne et sur le corps.
Si l’anxiété ponctuelle (lors d’un examen, par exemple) est normale, une anxiété persistante, excessive et permanente est anormale. Lorsqu’une personne s’inquiète de façon chronique et exagérée au sujet d’événements de la vie courante, on parle alors d’un « trouble anxieux ». L’anxiété est donc anormale lorsqu’elle devient un état permanent, qu’elle survient sans raison et surtout lorsqu’elle limite les actes de la vie quotidienne, au lieu d’aider à les surmonter.
•Les premiers signes de l’anxiété apparaissent généralement à la fin de l’adolescence et au début de la vie d'adulte. L’anxiété se caractérise par un sentiment d’insécurité, d'appréhension, de peur, d’inquiétude ou de crainte. Elle se traduit par une tension intérieure, une sensation de malaise, ou de terreur face à un événement récent ou imminent. Elle peut devenir incontrôlable et disproportionnée face à la réalité.
• Tout le monde ne réagit pas de la même façon face à l’anxiété. Certains vont développer divers troubles en lien avec une anxiété excessive et difficile à gérer, on parle alors de « troubles anxieux graves ». Certaines personnes souffrant de troubles anxieux graves sont incapables de mener une vie normale (par exemple sortir de chez elles, prendre les transports,…), d’autres vivent avec des crises plus ponctuelles, mais imprévisibles. Certains événements peuvent aussi aggraver les problèmes et augmenter l’anxiété : la perte d’un proche, une période d’examen, de nouvelles responsabilités au travail, un divorce...
• L’anxiété constitue actuellement un problème majeur de santé mentale car un tiers de la population en serait affecté mais la majorité des personnes anxieuses n’est pas traité. Elle devient alors pathologique et aboutit à une demande d’aide.
L’anxiété pathologique risque alors très souvent de se compliquer par une dépression ou une dépendance (à l’alcool, par exemple). Parmi les personnes atteintes de troubles anxieux graves, 50 à 90 % souffriraient d’une autre maladie mentale comme la dépression ou la consommation de drogue ou d’alcool.
Les signes de l’anxiété varient d’une personne à l’autre. Sur le plan psychique, l’anxiété envahit l’ensemble du champ de la pensée.
Une sensation de peur, d’inquiétude, de panique ou de malaise prend place. Un sentiment de perte du contrôle de soi prédomine avec l’impression de ne plus être soi-même. On craint toujours l’arrivée d’une catastrophe. Même lorsque les choses vont bien, on se dit que cela ne va pas durer.
Les relations avec les autres sont difficiles car on se sent irritable. Des troubles du sommeil peuvent apparaitre (difficultés d’endormissement, réveils nocturnes, cauchemars…), entrainant une fatigue et des troubles de mémoire qui ne font qu’augmenter l’anxiété. Il peut exister un état de panique qui paralyse et mène à une sensation de mort imminente.
Dans un processus normal d’anxiété, le corps se prépare à affronter la peur. On retrouve donc fréquemment dans le « trouble anxieux » des signes physiques associés qui peuvent faire penser à d’autres maladies :
• Des tremblements,
• Des sueurs (mains moites, bouffées de chaleur…),
• Un souffle court, une sensation d’étouffement, une bouche sèche,
• Des palpitations cardiaques et des douleurs dans la poitrine,
• Des nausées, des douleurs au ventre, de la diarrhée ou de la constipation,
• Des vertiges, des étourdissements ou des maux de tête,
• Des picotements ou des engourdissements des membres avec une sensation de faiblesse ou de tension dans les muscles,
• Une réaction de sursaut exagérée,
• Des difficultés de concentration ou des trous de mémoire,
• Une sensation de boule dans la gorge, des difficultés pour avaler,
• Des envies d’uriner plus fréquentes.
L’anxiété n’a pas une cause unique, mais elle est plutôt déclenchée par une association de facteurs biologiques, psychologiques et environnementaux.
On sait qu’un terrain génétique et des facteurs biologiques seraient à l’origine du déséquilibre de certaines substances (« neuromédiateurs ») dans le cerveau qui servent normalement au transport de l’information entre les cellules nerveuses (le GABA, la sérotonine et la noradrénaline seraient particulièrement impliqués). Ainsi, une personne a plus de risque de présenter des troubles anxieux si quelqu’un de sa famille en souffre.
Le cortisol, aussi appelé « hormone du stress », joue aussi un rôle important.
Le fait d’être une femme et d’avoir vécu des événements stressants ou traumatisants, en particulier dans l’enfance, est également reconnu comme un facteur de risque.
Les troubles anxieux sont aussi souvent associés ou majorés par les événements de vie (professionnels, affectifs et familiaux) et l’environnement.
Certaines maladies peuvent déclencher une anxiété. On parle alors « d’anxiété secondaire » comme dans l’hyperthyroïdie, la dépression, les psychoses et le trouble bipolaire.
L’anxiété peut évoluer de différentes manières.
• Une anxiété modérée peut évoluer rapidement vers un « trouble anxieux grave », que ce soit à cause d’un événement ou d’un changement dans la vie d’une personne anxieuse. L'évolution se fait en général par une alternance entre des phases de diminution et d’augmentation des signes.
• Différentes périodes de la vie occasionnent de l’anxiété à des degrés divers : l’adolescence, la ménopause et le troisième âge, sont particulièrement propices à l’anxiété à cause des changements profonds qui s’effectuent dans le corps humain.
• Lorsque l’anxiété devient grave, donc pathologique, elle altère, voire, paralyse complètement le fonctionnement de la personne dans la plupart des domaines de son existence. Une personne souffrant d’anxiété sévère vit des difficultés considérables, tant au travail, que dans sa vie familiale, sexuelle ou sociale.
• Elle peut engendrer parfois l’évitement des circonstances anxiogènes avec de véritables « phobies » qui mènent la personne à des actions ou des pensées « magiques » (« contra-phobiques ») pour lutter contre la peur, comme dans les « TOCs » par exemple.
• L’anxiété pathologique peut évoluer vers une dépression et un isolement, allant parfois jusqu’à des tentatives de suicide ou une dépendance à l’alcool ou aux drogues.
Les personnes atteintes de troubles anxieux ont conscience que leurs pensées et leur comportement sont illogiques et que cela affecte leur vie.
• La fatigue, les problèmes de sommeil et les signes physiques (maux de tête par exemple) provoquent un sentiment de tristesse, de culpabilité et de perte de motivation. L’une des complications principales de l’anxiété est donc la dépression et le risque de suicide.
• L’autre complication très fréquente de l’anxiété est la consommation d’alcool ou de drogues avec le risque de développer un véritable problème de dépendance. Ces produits vont à la fois soulager (« automédication ») et aggraver les troubles anxieux, en modifiant le fonctionnement cérébral. Ce qui est au départ vécu comme un réconfort va ensuite devenir nécessaire et aggraver les signes de l’anxiété et de la dépression.
• Des complications à long terme sont possibles, comme par exemple, un risque accru d’hypertension artérielle, de maladies cardiaques, de cancer ou de diabète.