Faire face à des situations difficiles, douloureuses et stressantes durant l’enfance pourrait accélérer le vieillissement à l’âge adulte, révèle une étude américaine publiée ce lundi dans le journal PNAS. Cette exposition au stress dans les premières années de vie entraînerait un raccourcissement bien plus important des télomères, des fragments d’ADN censés protéger les extrémités des chromosomes.
Au fil des ans, il est normal que les télomères se raccourcissent. Mais des facteurs environnementaux, comme le stress ou une mauvaise alimentation, peuvent accélérer ce phénomène. Ainsi, la longueur de ces fragments représente un bon indicateur de l’âge biologique, et un marqueur prédictif et pronostic pour notre santé.
Agressions, difficultés financières...
Pour mener ces travaux, les chercheurs de l’université de Colombie britannique (Canada) ont étudié, entre 1992 et 2008, près de 4 600 femmes et hommes de plus de 50 ans. Ces participants ont accepté de remplir des questionnaires concernant leurs enfances et les difficultés et traumatismes auxquels ils ont pu être confrontés (problème d’argent, chômage d’un parent, agression sexuel, parents usagers de drogues…).
Plus de trois-quarts des participants ont rapporté une expérience traumatisante, et plus de la moitié a dû faire face à deux situations difficiles, ou davantage. Des prélèvements de salive ont également été réalisés pour permettre de mesurer la taille des télomères.
Les résultats confirment que plus le stress est important, plus les télomères subissent des dégradations irréparables. A chaque événement traumatique vécu par les enfants, les télomères perdent 11 % de leur longueur. Les chercheurs ont par ailleurs observé que ce sont surtout les traumatismes et les difficultés sociales qui ont eu un impact délétère, et non les soucis financiers.
Un phénomène réversible ?
De précédents travaux menés chez des adultes ont également montré que les personnes dépressives présentent des télomères plus courts que celles ne souffrant pas de cette maladie. La réduction de cette partie des chromosomes pourrait être une réponse physique à la détresse émotionnelle ressentie par les dépressifs, ce qui expliquerait également pourquoi ces malades sont plus victimes que les autres de maladies liées au vieillissement.
Pour les chercheurs canadiens, ces résultats mettent en évidence la toxicité de stress et confirment que l’enfance est une période de vulnérabilité importante. Ils souhaitent maintenant savoir si l’alimentation, ou l’exercice physique peuvent ralentir le rétrécissement des télomères. Une étude parue cet été a d’ailleurs montré que l’activité physique prenait soin de nos chromosomes, en stimulant la croissance des télomères. Mais le sport est-il plus fort que le stress ? Les chercheurs tenteront de le déterminer.