En France, 385 000 nouveaux cancers se sont déclarés en 2015. S’ils se font plus nombreux, ils sont également mieux traités. A la fin de l’année, un patient sur deux était considéré comme guéri. Le mérite revient en partie aux thérapies ciblées. Cette médecine de précision permet de bloquer les tumeurs en fonction de leurs anomalies. L’Institut National du Cancer (INCa) salue le succès de ces traitements récents. En effet, ils ne sont apparus que dans les années 2000. Aujourd’hui, 43 molécules sont autorisées en France.
La thérapie ciblée est un domaine encore jeune de la cancérologie. Elle adopte une approche différente des chimiothérapies : inhiber les mécanismes d’oncogénèse, c’est-à-dire ceux qui favorisent la croissance des tumeurs. Depuis 2012, une véritable accélération s’observe dans ce secteur. Elle devrait se poursuivre : fin 2015, 18 nouvelles localisations ont été définies. Un long chemin a été parcouru depuis la première autorisation de mise sur le marché, accordée au trastuzumab. « Un changement de paradigme dans la prise en charge des cancers a été observé en cancérologie, passant d’une cancérologie d’organe à une cancérologie stratifiée », salue l’INCa.
Elargir la cible
Mais les thérapies ciblées sont encore réservées à de trop rares élus. Les molécules peuvent se targuer d’atteindre 2 000 malades environ. Le reste du temps, elles se destinent à de plus petites populations. Ces médicaments sont principalement indiqués dans le cancer du poumon non à petites cellules, les hémopathies malignes et le cancer du sein. L’INCa souligne une piste d’amélioration majeure : élargir la cible. Autre zone à développer, la cancérologie pédiatrique. Actuellement, les enfants sont peu concernés par les thérapies ciblées. Une évolution de la réglementation européenne est nécessaire.
Reste la question du coût non négligeable de cette innovation. Comme les immunothérapies, les thérapies ciblées crèvent les plafonds en termes de dépenses. Sur la liste en sus des hôpitaux, qui concerne les médicaments hors budget, elles représentent la moitié des sommes allouées aux anticancéreux. Le constat est le même dans les pharmacies. La place de ces thérapies doit donc être définie de manière plus claire.