Le sommeil et la mémoire entretiennent des liens très étroits. Une bonne nuit permet de consolider les apprentissages de la journée, et de préparer ceux du lendemain. A l’inverse, la privation de sommeil limite les capacités de mémorisation. Des répercussions négatives sur la formation de nos souvenirs qui ne sont pas solutionnées par la prise de somnifères, suggère une étude publiée dans Science.
Les neuroscientifiques expliquent que la mémoire se forme grâce aux échanges entre les neurones via des zones particulières, appelées synapses. Au niveau de ces connexions neuronales, les cellules communiquent grâce à des neurotransmetteurs. Ces molécules chimiques jouent en fait le rôle de messagers. Ces échanges ont lieu tout au long de la journée, mais les chercheurs de l’université Johns Hopkins (Etats-Unis) révèlent que le processus est régulé pendant le sommeil afin qu’il se concentre uniquement sur la formation de la mémoire.
Alternance veille/sommeil
En effet, chez la souris endormie, les scientifiques américains ont découvert que les neurones de l’hippocampe et du cortex – deux régions cérébrales clés pour la mémoire – étaient comme relâchés. Au contraire, ces cellules étaient très actives chez les souris éveillées. « C’est la première fois que ce phénomène d’homéostasie est observée chez un animal vivant, a souligné Richard Huganir, professeur de neuroscience. Cela suggère que les synapses dans le cerveau des souris se restructurent toutes les 12 heures environs. C’est vraiment incroyable ».
Des recherches approfondies révèlent que ce phénomène est lié à la présence ou l’absence d’une molécule appelée Homer1a. Son taux serait 250 % plus élevé dans les synapses des souris endormies en comparaison des animaux éveillés. Les chercheurs ajoutent que cette molécule est sensible au besoin de sommeil de l’animal et pas seulement à l’heure du jour ou à son horloge biologique.
Impact des somnifères
Ainsi, les souris, et peut être les humains, qui ne ressentent pas l’envie de dormir et qui dorment peu ont une mémoire moins développée que les bons dormeurs. Le Pr Huganir relève également que les benzodiazépines, et autres somnifères, sont connus pour perturber cette plasticité cérébrale. Dès lors, il est très probable qu’ils interférent dans les phénomènes de mémorisation et d’apprentissage.
Les chercheurs de Johns Hopkins souhaitent maintenant examiner les conséquences des troubles du sommeil ou les pathologies comme Alzheimer ou l’autisme qui perturbent ces cycles de veille/sommeil.