Le dépistage organisé du cancer du sein se personnalise. A l’issue de la concertation citoyenne et scientifique lancée en 2015, le ministère de la Santé a décidé de rénover en profondeur ce programme de dépistage mis en œuvre depuis 2004.
Ce nouveau dépistage concernera toujours les femmes de 50 à 74 ans. Tous les deux ans, elles recevront un courrier d’invitation pour se rendre dans un centre de radiologie afin de réaliser une mammographie. Mais ce courrier les invitera également à consulter leur médecin traitant ou gynécologue pour être informées sur cet examen. L’occasion pour elle de poser toutes leurs questions et discuter de leurs réticences au dépistage avec un professionnel.
Une consultation de prévention et de sensibilisation est également prévue pour toutes les femmes de 25 ans. L’objectif : repérer les femmes à risques et dépister le plus tôt possible des cancers, explique le Dr Nasrine Callet, gynécologue-oncologue à l’Institut Curie (Paris).
A quoi vont servir les consultations de prévention chez le médecin traitant ou le gynécologue à 25 ans ?
Dr Nasrine Callet : Cette consultation est pour moi très importante car elle permettra d’informer ces jeunes femmes, leur expliquer à quoi sert le dépistage et les sensibiliser. C’est également l’occasion d’évaluer le contexte de la patiente par l’interrogatoire et le dialogue. C’est à dire déterminer les éventuels facteurs de risque de cancer chez ces patientes. C’est une chose à laquelle on ne pense pas toujours lorsqu’on a 25 ans. Or certaines femmes sont plus à risques d’autres, notamment en raison d’antécédents familiaux de plusieurs cancers du sein ou de l’ovaire. Une situation dans laquelle on peut suspecter un risque génétique. Donc cette consultation permettra d’individualiser ce groupe de femmes à risques.
Elle permettra également de connaître le mode de vie de ces jeunes femmes pour prévenir les facteurs de risques comme le tabac, l’alcool ou le manque d’activité physique. Ce sera aussi le moment de parler des autres cancers. Bien qu’il ne faille pas négliger le cancer du sein, il faut aussi parler du cancer du col de l’utérus ou du côlon s’il y a des antécédents dans la famille.
Pour moi cette consultation n’est pas uniquement dédiée au dépistage, elle est là pour sensibiliser les jeunes femmes à leur futur.
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Et pour les femmes de 50 ans ?
Dr Nasrine Callet : L’âge moyen d’apparition du cancer du sein est 63 ans, donc à 50 ans on commence par le dépistage de masse du cancer du sein. Cette consultation permet aussi de réévaluer chez les patientes les éventuels facteurs de risques du cancer du sein mais également dans d’autres types de cancers. Et là aussi, l’intérêt est de les sensibiliser et leur expliquer le programme de dépistage.
Comment les médecins évalueront-ils la pertinence du dépistage pour chaque femme ?
Dr Nasrine Callet : Lors de ces consultations, le médecin évaluera le risque personnel de chaque patiente. Les médecins, en particulier les gynécologues, sont formés à identifier les femmes plus à risques ou à déterminer chez quelles patientes les glandes mammaires sont à surveiller. Globalement, le dépistage doit être effectué tous les deux ans. Mais lors de cette consultation, le médecin peut juger que la mammographie doit être réalisé plus tôt en raison anomalie.
Personnellement, même si tout va bien je pense que l’examen doit être réalisé tous les deux ans car l’objectif du dépistage est de détecter le cancer avant qu’il y ait une boule. Et seule la mammographie permet de repérer les lésions précancéreuses que sont les microcalcifications.
Qu’apportera la rénovation du dépistage organisé ?
Dr Nasrine Callet : Ces nouvelles mesures vont permettre de dépister les cancers plus tôt. Et le pronostic d’un cancer du sein est lié à son stade de découverte. Plus il est dépisté tôt, plus on a de chances d’en guérir. Rappelons que 9 cancers sur 10 se guérissent lorsqu’ils sont diagnostiqués précocement.
La société va également en bénéficier puisque cela coûte moins cher de traiter un cancer du sein repéré à un stade précoce qu’à un stade avancé. Pour les patientes, cela signifie aussi des traitements moins lourds.