La pilule a 50 ans. Instrument de libération de la femme à ses débuts, elle est aujourd’hui plus contestée. Les polémiques autour des pilules de troisième et quatrième générations y ont largement contribué. Une jeune femme avait porté plainte après un accident vasculaire cérébral lié à ce type de contraception orale. Par ailleurs, avec le SIDA, la pilule est rarement utilisée seule et quitte à utiliser une capote, à quoi sert la pilule ? Les dernières études sur les modes de contraception montrent un déclin progressif de son usage. Entre 2010 et 2016, le pourcentage de femmes prenant la pilule a diminué de dix points.
Baisse du désir
Daphnée, 25 ans, a commencé à prendre la pilule à 18 ans. « J’ai arrêté y a deux ans, au départ, parce que j’étais dans une relation à distance, je ne trouvais pas ça pratique de la prendre tout le temps ». Puis elle s’est renseignée, et n’a plus voulu reprendre. « J’avais déjà essayé trois ou quatre pilules différentes, pris beaucoup de poids, je ne voulais plus prendre d’hormones ». Aujourd’hui, elle porte un dispositif intra-utérin en cuivre. « Sur la libido, j’ai trouvé les effets marquants. Je me suis rendue compte que je n’avais plus du tout de désir sous pilule. »
Des effets secondaires
Kassandra, 23 ans, a aussi retrouvé sa libido en arrêtant, mais pas que : « Les hormones provoquaient des épisodes de dépression, des poussées de colère qui ne correspondaient pas du tout à mon caractère. » Elle a pris la pilule pendant quatre ans, et depuis porte un stérilet en cuivre aussi. Depuis 2010, la part des femme utilisant un dispositive intra-utérin a augmenté de près de sept points. « En passant au DIU, j’ai eu l’impression de redécouvrir mon corps, on oublie en fait qu’on prend un médicament tous les jours et que ça a des effets durables sur nous. » La jeune femme regrette de ne pas avoir été plus prévenue quand on lui a prescrite lorsqu’elle avait 16 ans.
Augmentation de la faim
Pour Audrey, 24 ans, le déclic s’est fait autrement. « Je n’avais pas de relation sexuelle régulière, je n’en voyais pas l’utilité, et surtout j’avais des fringales tout le temps ». Elle se sentait obsédée par la nourriture, quitte à se lever la nuit pour manger. Une chose qui a complètement disparu depuis son arrêt il y a deux ans. « Je suis contente d’avoir arrêté mais si je devais reprendre une contraception, je pense que je reprendrai la pilule ». Les effets secondaires de l’implant l’inquiètent, le stérilet aussi. « J’essaierai sûrement une pilule moins dosée. » Toutes ont eu peur pour leur santé à long terme.
D’après une étude de Santé publique France publiée en septembre dernier, ce sont les femmes de 20 à 29 ans qui sont les plus concernées par le changement de contraception.