Pour énoncer ce chiffre, l’association « Vivre sans thyroïde » se base sur les données de l’Assurance Maladie (Source Médic’Am 2017) pour établir qu’un million de français aurait abandonné leur traitement pour la thyroïde.
Compte tenu du fait qu’il y aurait 2 million 300 000 malades traités avec de l’hormone thyroïdienne et que 31% d’entre eux auraient abandonné leur traitement, on est plus proche de 800 000 personnes, mais en tout cas très loin des 17 000 malades qui auraient fait fin janvier 2018 une déclaration d’effets indésirables sur le site de l'Agence du médicament (ANSM).
Beaucoup plus de malades concernés
L’association « Vivre sans thyroïde » objecte que : « Les autorités ne font en fait référence qu'aux 17 000 malades ayant rempli avant fin novembre 2017 des procédures complexes de signalement en pharmacovigilance, et non à ceux (un million au moins) qui n'ont pas supporté la nouvelle formule et ont changé de traitement sous supervision médicale ».
Pour aboutir à cette estimation, l'association a dépouillé une vaste base statistique, publiée début février par l'Assurance maladie, sur les volumes de tous les médicaments remboursés. Un tiers du marché perdu selon l'association. Les chiffres montrent, d'après Vivre sans thyroïde, que le Levothyrox nouvelle formule aurait perdu près d'un tiers (31%) de ses prescriptions au quatrième trimestre 2017 si on les compare au Levothyrox ancienne formule.
Par ailleurs, l’association signale l’extrême rapidité du changement, qui se serait fait en moins de 4 mois. Ces chiffres sont « en contradiction complète avec les affirmations officielles des pouvoirs publics, qui assurent encore aujourd'hui que ce n'est pas une crise sanitaire », dénonce l'association dans son communiqué.
#Levothyrox : Près d'un million de Français ont arrêté la nouvelle formule ! Communiqué de presse : https://t.co/DdD1NTGWit pic.twitter.com/MkXwOIH0LB
— VivreSansThyroïde (@ForumThyroide) March 8, 2018
Une affaire bien mystérieuse
L’affaire du Levothyrox a commencé après le changement de formule, en juillet dernier, périodes où des milliers de malades ont commencé à se plaindre en commun d'effets secondaires indésirables. Au total, plus de 17 000 cas ont été rapportés à l’ANSM sur 2,3 millions de malades traités en France.
Le lien avec le changement de formule a été évoqué et une vaste enquête administrative a été lancée alors que les pharmacologues sont bien en peine d’expliquer une telle crise, crise qui n'est pas si surprenante en type au vu de ce qui s’est passé dans les autres pays, quand un changement de même nature a été fait (Israël).
La surprise ne vient pas du type d'effets indésirables, qui peuvent s'assimiler aux troubles que l'on voit quand la dose n'est pas bonne pour le malade. La surprise vient du nombre, beaucoup plus élevé en France que dans les autres pays où le même changement de formule a été mis en place.
Brutalité du changement de formule
L’association « Vivre sans thyroïde » souligne l’extrême brutalité du changement de formue de Levothyrox qui a été imposée dans ce cadre aux malades Français.
Les 2 million 300 000 malades qui étaient presque tous sous l’ancienne formule de Levothyrox ont été basculés « à leur insu et sans aucune autre option offerte » selon l’association. « Avoir permis le déploiement de la nouvelle formule du Levothyrox en France dans de telles conditions est d’une imprudence extrême de la part des autorités sanitaires, et le monopole de Merck est une anomalie qui n’existe dans aucun autre pays », indique Beate Bartès, présidente de l’association Vivre sans Thyroïde, qui interpellera sous peu par courrier le Président de la République, Emmanuel Macron, et la Ministre de la Santé, Agnès Buzyn.
Crise sanitaire nationale
« Ce chiffre de 1 million de patients est en outre sous-estimé, car encore aujourd’hui de nombreux patients témoignent quotidiennement de l’impossibilité de trouver en pharmacie les alternatives au Levothyrox nouvelle formule, malgré une prescription médicale en règle.
Les quantités importées de l’étranger ne sont absolument pas suffisantes pour permettre d’approvisionner la totalité des patients français qui ne tolèrent pas la nouvelle formulation du Levothyrox, beaucoup d’entre eux sont encore pris au piège du monopole de Merck, la crise sanitaire est loin d’être résolue », déplore Sabine Bonnot, vice-présidente de l’association.
Nombreuses procédures judiciaires
Alors que plusieurs procédures en référé pour demander le retour de l’ancienne formule ont été déboutées, ici ou là, en raison de l’importation d’Allemagne par Merck de 400 000 boites de l’ancienne formule, d’autres procédures judiciaires « sur le fond » sont en cours.
Une information judiciaire « contre X » pour « tromperie aggravée, blessure involontaire et mise en danger de la vie d'autrui » a été ouverte le 2 mars auprès de Tribunal de Grande Instance de Marseille. Cette procédure a été confiée à un juge d'instruction du pôle de santé publique du Tribunal de Grande Instance de Marseille, dont la compétence s'étend jusqu'à Lyon, où se trouve le siège du laboratoire Merck qui produit ce médicament destiné aux malades dont la thyroïde ne marche plus.
Une action autre collective pour « défaut d’information » et « préjudice d’angoisse » est menée à Lyon. Récemment, une plainte collective auprès du tribunal de grande instance de Paris (TGI), saisi en référé, a été renvoyée au TGI de Lyon. On voit que les autorités judiciaires essayent de mettre un peu d'ordre en regroupant toutes les affaires sous la compétence d'un seul tribunal et d'une même équipe de juges, ce qui est logique.
Les mots de « Crise sanitaire » ne sont pas innocents et sont désormais repris par plusieurs associations de malades et par leurs avocats.