Maux de tête, vertiges, nausées, troubles du sommeil, fatigue, sensation de brûlures, fourmillements dans les mains, irritabilité... près de deux millions de français souffrent d’une nouvelle maladie née de nos nouveaux modes de vie. Les médecins lui ont trouvé un nom : l'électro-hypersensibilité. Les symptômes qui apparaissent en présence d’appareils émettant des champs magnétiques sont disparates mais reconnus comme réels par l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS).
L'Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) a publié un rapport reconnaissant à son tour officiellement "la réalité" des symptômes exprimés par certains patients dits électro-hypersensibles (EHS), c'est à dire ultra sensibles aux vibrations des ondes électromagnétiques environnantes (antennes relais, wifi, téléphones portables, micro-ondes...). "Il n'existe pas de critères de diagnostic de l'EHS validées à ce jour", explique l'Anses dans ce rapport publié le 27 mars après trois ans de recherche. Mais "quoi qu'il en soit, les plaintes (douleurs, souffrance) formulées par les personnes se déclarant EHS correspondent à une réalité vécue".
L’Anses estime néanmoins "qu’une évaluation de la prévalence de l’EHS reste très difficile à faire ; les données scientifiques sur le pourcentage de personnes se déclarant EHS dans la population en France et à l’international ne sont pas fiables, elles sont comprises entre 0,7 et 13,3 %". L'Agence ajoute également que les données les plus récentes "ne semblent pas confirmer la perspective d’une augmentation progressive de la prévalence de l’EHS qui avait été suggérée par certaines études plus anciennes".
L'humain peut-il percevoir les ondes à haute fréquence ?
Mais s'ils sont reconnus comme réels, ces symptômes sont-ils dû à une surexposition aux ondes életromagnétiques ? L'être humain est-il capable de les ressentir ? Aucune "étude n’a mis en évidence une capacité des personnes se déclarant EHS à percevoir des champs électromagnétiques radiofréquences dans des conditions d’exposition environnementale", note le rapport. Les recherches menées sur le sujet ne peuvent à ce jour certifier que des personnes puissent percevoir ces ondes plus que d'autres et "mériteraient de faire l’objet d’études de réplication".
L'étude du système nerveux
De même, "les études de provocation analysées (une quarantaine) n’ont pas permis de mettre en évidence, de manière fiable et reproductible, l’apparition de symptômes ou d’anomalies biologiques ou physiologiques spécifiques à l’EHS pendant ou après une exposition (aux basses fréquences ou aux radiofréquences)". L'Anses a également cherché à savoir si le système nerveux des personnes se définissant comme EHS avait été affecté par une éventuelle exposition aux ondes : "en l’état actuel des connaissances, l’hypothèse selon laquelle les personnes se déclarant EHS souffriraient d’un dysfonctionnement basal du système nerveux autonome ne peut être ni validée ni exclue".
Pour conclure, l'Anses estime qu’il "n’existe pas de preuve expérimentale solide permettant d’établir un lien de causalité entre l’exposition aux champs électromagnétiques et les symptômes décrits par les personnes se déclarant EHS", mais insiste sur la nécessité de prendre en charge ces patients rapidement.