Douloureuses et invalidantes, les migraines touchent 7 à 8 millions de personnes en France, soit environ 12% de la population adulte et 5 à 10% des enfants. Souvent chroniques, elles peuvent avoir des répercussions parfois importantes sur la vie socio-économique des personnes qui en souffrent, notamment parce qu'elles rendent pénible toute activité et les obligent souvent à s’allonger dans le noir dans l’espoir que la douleur disparaisse.
Pour de nombreux patients, les migraines sont devenues une fatalité, d’autant que les médicaments qui existent pour les soulager s’avèrent selon les cas plus ou moins efficaces.
Un nouveau médicament pourrait cependant leur changer la vie. Selon une étude préliminaire américaine présentée mardi 17 avril lors de la 70e assemblée annuelle de l’American Academy of Neurology à Los Angeles, ce traitement appelé érénumab réduirait de moitié le nombre d’épisodes migraineux chez certains patients.
L’érénumab bloque les signaux de douleur
L’érénumab est un anticorps monoclonal qui bloque les signaux de douleur en ciblant un récepteur du peptide lié au gène de la calcitonine CGRP (pour Calcitonine-Gene Relatide Peptide). Ce peptide transmet habituellement les signaux de la douleur migraineuse. Or, l’érénumab parvient à bloquer son action en ciblant les nerfs du système nerveux.
L’équipe de chercheurs l’a testé auprès de 246 personnes souffrant régulièrement de migraines. Une fois par mois pendant trois mois, elles ont reçu des injections de 140 milligrammes d’érénumab ou un placebo.
"Les personnes que nous avons incluses dans notre étude étaient considérées comme plus difficiles à traiter, ce qui signifie que jusqu'à quatre autres traitements préventifs n'avaient pas fonctionné", a déclaré Uwe Reuter, professeur à l’Université de médecine de Berlin et principal auteur de l’étude. "Notre étude a montré que l'érénumab réduit le nombre moyen de migraines mensuelles de plus de 50% pour près d'un tiers des participants, ce qui peut grandement améliorer la qualité de vie d'une personne."
Une réduction des épisodes migraineux de 50%
Les chercheurs ont en effet constaté qu’après trois mois de traitement, les personnes sous érénumab étaient presque trois fois plus susceptibles d’avoir réduit leurs jours de migraine de 50% ou plus par rapport à celles sous placebo. Au total, 30% des personnes traitées à l’érénumab présentaient moitié moins de maux de tête, contre 14% chez les patients qui prenaient le placebo.
De plus, il semblerait qu’aucun effet secondaire de l’érénumab n’a été constaté pendant l’étude. Aucun participant n’a donc interrompu le traitement.
"Nos résultats montrent que les personnes qui pensaient que leurs migraines étaient difficiles à prévenir peuvent avoir l'espoir de trouver un soulagement à leur douleur", a déclaré le Pr Reuter, qui précise que d’autres recherches sur l’érénumab sont nécessaires, notamment pour déterminer si les avantages apportés par le médicament se poursuivent dans la durée.