"Je ne comprends pas pourquoi l'ambulance est arrivée si tard. Je veux savoir ce qui s'est passé, ce n'est pas normal que ma fille n'ait pas été prise en charge. Elle est morte", raconte, désespéré, le papa d’une fillette de six mois, morte à Montévrain (Seine-et-Marne) d’une simple gastro-entérite. Il porte plainte contre X avec sa femme, dénonçant des dysfonctionnements dans la prise en charge de leur bébé. Le parquet de Meaux a ouvert une information judiciaire.
Trop tard
C’est un scénario tragique. Alors que la petite fille attrape la gastro-entérite début avril à la crèche, le père la conduit d’abord à l’hôpital le plus proche, et ce dès les premiers symptômes de la maladie. Constatant que le service pédiatrique est surchargé, le papa emmène son bébé chez un médecin de ville, qui examine l’enfant et prescrit des médicaments. Il ne pèse pas la fillette, alors que "je l’avais alerté sur le fait qu’elle commençait à perdre du poids", déplore le père de famille.
Suite à cette première consultation, la santé de la fillette se dégrade très vite. La mère appelle le Samu, qui tarde à envoyer une ambulance. Réalisant que la vie de sa fille est désormais en danger, le père l’emmène aux urgences en voiture. "J'ai dû mettre deux minutes pour arriver, l'hôpital est tout proche. J'ai roulé comme un fou, mais quand je suis arrivé, la petite était partie, il était trop tard", raconte-t-il à France Bleu Paris.
Vaccination contre les rotavirus
Un juge d'instruction va enquêter sur les causes de la mort de la fillette. Si les risques de décéder d’une gastro-entérite en France sont très faibles (le Centre d’épidémiologie sur les causes médicales de décès (CépiDC) de l’Inserm dénombre chaque année autour de 600 décès avec une infection intestinale comme cause initiale de décès), les jeunes enfants peuvent mourir de déshydratation suite aux diarrhées et aux vomissements. 45 à 80 enfants de moins de 5 ans décèdent des suites d’une gastro-entérite aiguë chaque année en France.
Selon une nouvelle étude publiée dans le New England Journal of Medecine, le risque d’invagination intestinale, qui représente une des causes les plus fréquentes d'occlusion intestinale chez le nourrisson et le jeune enfant, n’est pas significativement augmenté par la vaccination contre les rotavirus. Il est donc recommandé par le Haut Conseil de la santé publique (HCSP) de faire vacciner son enfant pour le protéger de la première cause de gastro-entérite grave chez les nourrissons et les jeunes enfants dans le monde, même si cette démarche est plus "rentable" dans les pays en développement. Ces derniers, disposant de moins de moyens pour les urgences pédiatriques, ont plus intérêt à ce que leurs enfants ne soient pas hospitalisés.