Même pour les cancers du sein triples négatifs (sans aucun marqueurs connus, NDLR), il est possible de trouver de nouveaux traitements grâce à l’informatique et à la génomique. C’est le résultat d’une nouvelle étude, publiée dans la revue PLOS Computational Biology.
Le cancer du sein triple négatif n'a actuellement pas de traitement médicamenteux. Pour les patientes qui en souffrent, le seul espoir est la chimiothérapie. Si elle ne fonctionne pas, le taux de survie n’est que de 12 mois. Pour faire face à cette maladie, des chercheurs ont utilisé les données génétiques provenant soit de cellules cancéreuses triple négatif cultivées en laboratoire, soit de patientes.
Les cellules cancéreuses du sein triple négatif peuvent développer une résistance à un médicament en l'espace de quelques jours, parfois quelques heures, principalement en réacheminant les voies de signalisation à l'intérieur des cellules. "C'est comme lorsqu'il y a un accident de voiture : le trafic parvient à se réorienter sans causer d'embouteillage", explique l’auteur principal de l’étude, le Dr Nguyen, par ailleurs oncologue à Boston. Son équipe a ainsi développé un modèle informatique ayant pour but de prédire comment le réseau se réachemine en réponse à un agent médicamenteux.
Différentes combinaisons de médicaments
Ces prédictions leur ont ensuite permis de classer les différentes combinaisons de médicaments les plus susceptibles de vaincre le cancer, en bloquant la nouvelle voie empruntée par les cellules cancéreuses. À l'aide des données de l'Atlas du génome du cancer, les chercheurs ont testé leur tableau de classement des combinaisons de médicaments afin de déterminer leur succès chez les personnes ayant survécu à un cancer du sein triple négatif. Ils ont alors découvert une combinaison jusque-là inconnue de deux médicaments, qui pourrait être efficace dans le traitement de cette maladie jusque-là incurable. "Nous espérons que cette nouvelle combinaison fera l'objet d'essais cliniques d'ici deux à cinq ans", a déclaré le Dr Nguyen.
Ce modèle informatique peut être adapté et utilisé pour déterminer des combinaisons efficaces de médicaments pour d'autres cancers graves, comme le cancer du poumon et le mélanome. Dans ces deux derniers cas, un réacheminement du réseau pour éviter l'effet du médicament a aussi été observé.