Une nouvelle étude française confirme que certains traitements contre la maladie de Parkinson déclenchent d’importants "troubles du contrôle des impulsions". "Ce sont des gens qui vont se ruiner au casino, se lever la nuit pour vider leur frigo, ou avoir une sexualité débordante. Ils peuvent par exemple être arrêtés pour exhibitionnisme ou divorcer parce qu'ils ont multiplié les conquêtes", explique le Dr Jean-Christophe Corvol, neurologue de la Pitié-Salpétrière, à Paris. "Ils vont se mettre à acheter des voitures de luxe. Un patient qui avait beaucoup d'argent disait qu'il avait acheté une Porsche, et sa femme corrigeait : non, tu en as acheté quatre d'un coup", poursuit-il.
411 patients parkinsoniens ont été suivis pendant 5 ans. Les résultats, publiés dans la revue Neurology, concluent que les troubles du contrôle des impulsions "frappent près de la moitié (46%) des patients traités avec agonistes dopaminergiques", ces médicaments synthétiques qui miment l'action de la dopamine. Dans la population générale, la prévalence des troubles du comportement est estimée entre 2 et 3%.
Jeux, hypersexualité, achats compulsifs, troubles du comportement alimentaire
Ces effets indésirables augmentent en fonction de la dose et de la durée du traitement, comme ils disparaissent avec son arrêt. "Si on arrête le traitement, ça disparaît, dans l'année chez la plupart", souligne le Dr Corvol. L’intérêt principal de l’étude est que l’association entre les troubles du contrôle des impulsions et les agonistes dopaminergiques est plus importante qu’on ne le pensait. Jusqu’ici, la prévalence de ces troubles était estimée entre 10 et 17%. "L'entourage ne s'en rend pas compte au départ, alors que quand on prévient le couple par exemple, il y a une vigilance", alerte encore Jean-Christophe Corvol, afin d’améliorer la prévention de ces troubles.
D’après le Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders (DSM, 4e édition révisée), la caractéristique majeure des troubles du comportement est "l’échec de pouvoir résister à une pulsion, un comportement ou à la tentation d’accomplir un acte qui est nuisible à soi-même ou à d’autres personnes". Les critères diagnostics de cette pathologie partagent de nombreuses caractéristiques avec l’addiction aux substances, et est appelée "addiction comportementale" dans la 5e édition du DSM. Il existe une variété considérable d’expressions cliniques des troubles du comportement. Dans la maladie de Parkinson, les plus fréquents sont le jeu pathologique, l’hypersexualité, les achats compulsifs ou les troubles du comportement alimentaire.
La maladie de Parkinson est la maladie neurologique qui a le plus augmenté entre 1990 et 2015 : le nombre de ses victimes a doublé. Fin 2015, le nombre de patients parkinsoniens traités était de l’ordre de 160 000, avec environ 25 000 nouveaux cas par an. 17% des nouveaux cas étaient âgés de moins de 65 ans. En 2030, le nombre de patients parkinsoniens aura augmenté de 56% par rapport à 2015, avec une personne atteinte sur 120 parmi celles âgées de plus de 45 ans.
Un risque accru de chutes
L’âge moyen de décès des patients atteints de la maladie de Parkinson est de 84 ans : plus de 90% des décès ont lieu après 70 ans et ce, même si le taux brut de mortalité augmente rapidement après 65 ans. Les statistiques démontrent que les femmes et les jeunes ont plus de risque de mourir que les autres patients. Les principales causes de décès chez les parkinsoniens sont les chutes et le développement d’une démence, deux complications fréquentes de la maladie neurologique. Les cancers tuent beaucoup moins au sein de cette catégorie de malades, qui ne fument généralement pas.
Encore plus inquiétant, le contact avec les pesticides augmente considérablement le risque de développer la maladie de Parkinson. Les agriculteurs ont ainsi 10% plus de chances de contracter la maladie que la population générale. Les riverains des zones agricoles françaises pourraient eux aussi avoir plus de chances d’être atteints de la maladie de Parkinson.
La maladie de Parkinson est une pathologie neurodégénérative caractérisée par des symptômes moteurs et non-moteurs. Au fil de son évolution, les malades vont faire face à une augmentation du risque de dépendance, notamment en raison de complications motrices (dyskinésies, fluctuations, chutes) et cognitives (déclin cognitif, hallucinations, démence).