La controverse qui entoure la maladie de Lyme n’est pas prête de s’éteindre. Alors que le 20 juin dernier, la Haute Autorité de santé (HAS) rendait publiques ses conclusions sur le traitement de la borréliose de Lyme afin d’en finir avec l’errance du diagnostic qui touche de nombreux patients, la nouvelle prise de position de l’Académie de médecine vient raviver le débat autour de cette maladie infectieuse causée par les morsures de tiques.
Dans un communiqué daté du 2 juillet, l’Académie de médecine dénonce en effet l’ambiguïté de la HAS qui, tout en affirmant qu’il est nécessaire de prendre en charge les malades de Lyme, refuse de reconnaître une forme chronique de la maladie, comme le réclament les associations.
Une maladie sujette à controverse
Longtemps sous-diagnostiquée, la maladie de Lyme bénéficie depuis une poignée d’années d’une surmédiatisation qui, tout en forgeant une prise de conscience collective, véhicule dans un même temps de fausses idées sur la maladie.
On sait désormais que la borréliose de Lyme est bien une maladie vectorielle infectieuse, transmise par la morsure d’une tique. L’infection peut apparaître dans les 30 jours après la piqûre, d’abord sous forme d’une plaque rouge et ronde qui s’étend en cercle (érythème migrant) à partir de la zone de piqûre. La lésion de la peau peut s'accompagner de douleurs musculaires et articulaires, ou encore de fièvre. Avec un traitement précoce, elle disparaît en quelques semaines à quelques mois mais peut, si elle n’est pas traitée, mener à des troubles neurologiques et à des paralysies faciales.
Dans ses recommandations, la Haute Autorité de santé coupe donc la poire en deux en reconnaissant que les personnes souffrant de manière récurrente de douleurs et de fatigue sont loin d’être des malades imaginaires, tout en refusant d’approuver l’existence d’une forme chronique de la maladie de Lyme. À la place, la HAS a créé la terminologie de SPPT (pour symptomatologie/syndrome persistant(e) polymorphe après une possible piqûre de tique) afin d’expliquer la "situation de patients qui ont pu être exposés aux tiques et qui présentent des signes cliniques polymorphes, persistants et non expliqués, pouvant être invalidants".
Une terminologie qui "ne satisfait personne"
Or, pour l’Académie de médecine, cette terminologie est "loin de clarifier la situation". Selon elle, la HAS "reconnaît de fait implicitement l'existence d'une telle pathologie sans la moindre preuve avec, pour conséquence, des propositions de prise en charge lourde impliquant des investigations nombreuses, coûteuses et souvent inutiles". Faisant part de sa "profonde déception", elle regrette que la HAS ait cédé au "chantage de groupes de pression" que sont les associations de patients. "En voulant contenter tout le monde", elle "ne satisfait personne ", estime l’Académie de médecine.
L’Académie n’est pas la seule à s’émouvoir de la création d’une telle terminologie. Fin juin, la société savante d’infectiologie (Spilf) avait refusé de valider le texte de la HAS en déclarant dans un communiqué que "cet ensemble de symptômes mal défini, n’existe pas dans la littérature médicale internationale et pourrait conduire à des excès de diagnostics susceptibles d’orienter les patients vers des prises en charge inadéquates".