Terrifiantes et parfois dangereuses, les araignées auraient aussi le pouvoir de soigner une forme sévère et rare d’épilepsie infantile.
C’est la conclusion d’une étude menée par des chercheurs de l’Université du Queensland (UQ) et de l’Institut des neurosciences et de la santé mentale de Florey, tous deux en Australie. Publiée dans la revue PNAS, elle met en lumière les propriétés du venin d’araignée dans le traitement du syndrome de Dravet.
Une forme rare et sévère d’épilepsie infantile
Se déclarant dans la première année de vie de l’enfant, le syndrome de Dravet est une forme sévère et rare d’épilepsie infantile pour laquelle il n’existe actuellement aucun traitement.
Les bébés nés avec ce syndrome semblent dans un premier temps en bonne santé, jusqu’à ce qu’ils commencent à avoir des crises, généralement entre l’âge de 5 et 8 mois. Ces crises, qui peuvent se produire fréquemment et de manière imprévisible, entraînent à la longue des retards de développement, des troubles de la parole et du sommeil. Ils sont associés à un risque accru de mort subite.
"Environ 80% des cas du syndrome de Dravet sont causés par une mutation d'un gène appelé SCN1A", explique Glenn King, chercheur à l'Université du Queensland. "Lorsque ce gène ne fonctionne pas comme il le devrait, les canaux sodiques qui régulent l'activité cérébrale, ne fonctionnent pas correctement.".
Des crises réduites ou qui disparaissent complètement
Mais ce dysfonctionnement des canaux sodiques pourrait être régulé grâce aux glandes à venin de l’Heteroscodra maculata, une espèce d’araignées mygalomorphes originaire d’Afrique de l’Ouest. Les glandes à venin de cette araignée produisent en effet un peptide neurotoxique appelé Hm1a ou Heteroscodratoxin-1, et qui agit sur les canaux sodiques.
Les chercheurs l’ont testé avec succès sur des souris présentant un équivalent du syndrome de Dravet, à qui il a été administré une perfusion continue de Hm1a. Le résultat a été spectaculaire : en l’espace de 24 heures, les crises de 6 des souris ont été diminuées ou se sont totalement arrêtées. En revanche, 62% des souris n’ayant pas reçu le traitement sont mortes pendant ce laps de temps.
"Au cours de nos recherches, le peptide du venin d'araignée a été capable de cibler les canaux spécifiques affectés par le syndrome Dravet, en restaurant la fonction des neurones du cerveau et en éliminant les crises", explique Glenn King.
Comment expliquer que le venin d’araignée agisse spécifiquement sur les canaux sodiques ? "Les araignées tuent leurs proies grâce à des composés de venin qui ciblent le système nerveux, contrairement aux serpents par exemple, dont le venin cible le système cardiovasculaire", détaille le Pr King. "Des millions d'années d'évolution ont affiné le venin d'araignée pour cibler spécifiquement certains canaux ioniques, sans provoquer d'effets secondaires sur les autres, et les médicaments dérivés des venins d'araignées conservent cette précision."
Encore au stade d’essai clinique, le traitement du syndrome de Dravet à base de Hm1a ne se fera pas avant plusieurs années. L’équipe du Pr King travaille désormais aux autres étapes afin qu’un médicament de précision puisse voir rapidement le jour et donner aux enfants touchés par cette forme rare d’épilepsie une meilleure chance de contrôler leurs crises.