Première cause des troubles de la fertilité chez la femme, le syndrome des ovaires polykystiques (SOPK) touche aujourd’hui 5% à 10% des femmes. Causé par un déséquilibre hormonal, il est caractérisé par des niveaux élevés de testostérone dans l’organisme, ce qui altère la croissance des follicules ovariens et perturbe la production d’ovules.
Les conséquences sont nombreuses : apparition tardive de la puberté, cycles menstruels irréguliers, excès pileux et troubles de la fertilité. Selon des chercheurs du Centre de recherche sur l’autisme de l’Université de Cambridge, en Angleterre, le syndrome des ovaires polykystiques pourrait aussi être associé à un risque supérieur d’autisme chez l’enfant.
Les hormones stéroïdes sexuelles en cause
Publiée dans la revue Translational Psychiatry, cette nouvelle étude établit un lien de causalité entre le syndrome des ovaires polykystiques chez la mère et le développement de troubles autistiques chez l’enfant.
Dans de précédents travaux parus en 2015, l’équipe de chercheurs avait déjà montré qu’avant même leur naissance, les enfants autistes présentaient des taux élevés d’hormones stéroïdes sexuelles, dont la testostérone, qui "masculinisent" le corps et le cerveau du bébé. Ils se sont ensuite demandé d’où venaient ces hormones stéroïdes sexuelles. Ces dernières sont en fait produites par la mère et jouent un rôle important dans le développement des troubles autistiques lorsque cette dernière est atteinte du syndrome des ovaires polykystiques. En effet, une partie de ces hormones peuvent traverser la barrière placentaire.
Pour parvenir à cette conclusion, les scientifiques ont compilé les données d’une vaste base comprenant les dossiers de 8 588 femmes atteintes du SOPK et de leurs premiers-nés. Ces données ont ensuite été comparées à celles d’un groupe de 41 127 femmes n’ayant pas de SOPK. L'équipe a constaté que, même après avoir pris en compte d'autres facteurs, les femmes atteintes du SOPK avaient 2,3% de risques d'avoir un enfant autiste, comparativement à 1,7 % pour les mères n'ayant pas le SOPK.
"Cette nouvelle recherche nous aide à comprendre les effets de la testostérone sur le cerveau du fœtus en développement et sur le comportement et l'esprit de l'enfant plus tard", explique le professeur Simon Baron-Cohen, directeur du Centre de recherche sur l'autisme et principal auteur de l’étude. "Ces effets hormonaux ne sont pas nécessairement indépendants des facteurs génétiques, car une mère ou son bébé peut avoir des niveaux plus élevés de l'hormone pour des raisons génétiques, et la testostérone peut affecter le fonctionnement des gènes."
Mieux informer les femmes pendant leur grossesse
Par ailleurs, l’équipe de scientifiques a aussi démontré que les femmes autistes étaient plus susceptibles d'être atteintes du SOPK et que les femmes atteintes du SOPK étaient plus susceptibles d'être elles-mêmes atteintes d'autisme. Cela suggère que les deux conditions sont liées, probablement parce qu’elles partagent toutes les deux des niveaux élevés d’hormones stéroïdes sexuelles.
Pour le Dr Carrie Allison, co-auteure de l'étude, cette nouvelle découverte montre qu’il est nécessaire de "réfléchir aux mesures pratiques" qui peuvent être mises en place pour "soutenir les femmes atteintes du SOPK tout au long de leur grossesse". Cela passe notamment par une meilleure information délivrée dès le début de la grossesse. "La probabilité est statistiquement significative, mais néanmoins faible, dans la mesure où la plupart des femmes atteintes du SOPK n'auront pas d'enfant autiste, mais nous voulons être transparents avec cette nouvelle information."