Depuis plusieurs mois, la République Démocratique du Congo subit la pire épidémie d'Ebola de son histoire. A l'est du pays, dans les provinces du Nord-Kivu et de l'Ituri, 329 cas ont été recensés dont 205 décès. Selon le ministre de la Santé de la RDC Oly Llunga, l'insécurité et le taux de criminalité rendent le travail des équipes soignantes difficile. "Le bilan de cette 10e épidémie d'Ebla reflète sa complexité. Agressions physiques, destruction de matériel, kidnapping... Voici la réalité de nos équipes qui malgré cela continuent à travailler avec courage et détermination", a-t-il déclaré sur Twitter.
Le bilan de cette 10e épidémie d'#Ebola reflète sa complexité. Agressions physiques, destruction de matériel, kidnapping... Voici la réalité de nos équipes qui malgré cela continuent à travailler avec courage & détermination.Ces #HerosDeLaSante méritent toute notre reconnaissance pic.twitter.com/JKLUsGXSB5
— Dr. Oly Ilunga (@OlyIlunga) 11 novembre 2018
L'insécurité dans le pays "compromet gravement l’intervention d’urgence"
Le Département des opérations de maintien de la paix de l'ONU et l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) ont également rapporté dans un communiqué commun que les équipes médicales avaient du mal à intervenir, notablement parce que les différents conflits avaient "favorisé la désinformation et alimenté la défiance de certaines populations locales qui hésitent à autoriser les équipes de lutte contre Ebola à vacciner, à rechercher les contacts et à réaliser des inhumations en toute sécurité et dans la dignité".
Le Conseil de sécurité de l’ONU a donc adopté à l’unanimité une résolution sur l’épidémie d’Ebola en République démocratique du Congo. Le texte "engage le gouvernement congolais, l’Organisation mondiale de la santé et les autres intervenants face à Ebola à continuer d’accroître la transparence et la précision de leurs rapports quotidiens sur la progression de l’épidémie". En outre, dans sa résolution, le Conseil de sécurité se dit inquiet de "l’état global de la sécurité dans les zones touchées par l’épidémie".
En effet, l’épicentre de l’épidémie se trouve actuellement à Béni où le groupe armé ADF, d’origine ougandaise, attaque les civils, rendant les interventions médicales compliquées. Les quinze membres du Conseil de sécurité ajoutent que cela "compromet gravement l’intervention d’urgence et facilite la progression du virus en République démocratique du Congo et dans la région". Ils demandent de mettre un terme aux hostilités afin de pouvoir mieux intervenir contre ce virus. Le texte ajoute alors que la RDC est la première responsable de la protection de sa population. Il précise qu’il revient au "gouvernement congolais au premier chef de protéger les civils se trouvant sur son territoire et relevant de sa juridiction, et notamment de les protéger des crimes contre l’humanité et des crimes de guerre."
Des épidémies présentes en RDC depuis 1976
Le virus d’Ebola se transmet par contact physique via des fluides corporels infectés et se caractérise par une forte fièvre. La première épidémie en République Démocratique du Congo a eu lieu en 1976 dans le nord-est du pays et a fait 224 morts sur 318 cas recensés, selon l’OMS. En 1995, dans l’ouest de la RDC ce sont 256 personnes qui ont succombé au virus.
Des chercheurs de l'Institut Pasteur sont parvenus à reconstruire les chaînes de transmission du virus Ebola et leur contexte, au sein de la capitale guinéenne lors de l'épidémie de 2017. Ce travail d’enquête mené auprès des patients, de leurs familles et de leurs voisins, a permis de mesurer la transmission d’Ebola entre individus dans différents contextes et à différents moments de l’épidémie.
Illustration : Arbres de transmission du virus Ebola. Dans les cercles sont inscrites les dates de début de symptômes pour les cas ayant infectés plus de 3 personnes. La taille des cercles est proportionnelle au nombre de personnes que le cas a infecté. Source : Institut Pasteur