U=U pour "undetectebale equals untransmittable". Comprenez "indétectable = intransmissible".
C’est par cette formule que depuis des années, les associations de lutte contre le sida défendent le principe selon lequel en supprimant la charge virale du VIH, les traitements antirétroviraux empêchent toute transmission du virus entre partenaires sexuels.
Une nouvelle étude, publiée ce vendredi dans la revue britannique The Lancet et forte de "huit ans de recul", confirme cette conclusion. Selon ses auteurs, "le risque de transmission du VIH chez les couples gay lors de rapports sexuels sans préservatifs lorsque la charge virale du VIH est supprimée est effectivement nul". Déjà en 2016, la première phase de ces recherches avait abouti au même constat.
Le traitement antirétroviral standard consiste à associer au moins 3 médicaments antirétroviraux (ARV) pour supprimer au maximum le VIH en arrêtant l’évolution de la maladie. Il a été observé un recul considérable des taux de mortalité lorsqu’on utilise un schéma antirétroviral puissant, en particulier aux premiers stades de l’infection.
472 cas de transmission évités grâce au traitement
Ces nouveaux travaux ont été menés sur 75 sites cliniques dans 14 pays européens entre septembre 2010 et juillet 2017. Ils ont porté sur 972 couples d’hommes ayant des rapports non protégés et parmi lesquels au moins un des partenaires est séropositif mais dont la charge virale est indétectable grâce aux antirétroviraux.
Parmi ces couples, 782 ont permis aux chercheurs d’étudier un total de "1 593 années de couple". Une rencontre avec les participants avait lieu tous les 4 à 6 mois afin de connaître le nombre de leurs rapports sans protection. Au total, "76 000 relations sexuelles anales sans préservatif" ont été recensées.
À l’issue de l’expérience, soit après 8 années d’essai, les auteurs de l’étude ont constaté 15 nouvelles infections au VIH. Toutefois, ils ont pu démontrer en analysant génétiquement le virus qu’elles n’étaient pas liées à des transmissions au sein des couples. Au contraire, ils ont pu démontrer que le taux de transmission du VIH était nul dans ces couples d’hommes. D’après les auteurs de ces nouveaux travaux, le traitement par antirétroviraux a permis d’empêcher 472 cas de transmission au sein des couples ayant participé à l’étude.
Un risque de transmission nul pour les couples gay et hétérosexuels
"Nos résultats apportent une preuve concluante pour les hommes gays que le risque de transmission du VIH avec une thérapie antirétrovirale qui supprime la charge virale est de zéro", affirme Alison Rodger, professeure à l'University College London et co-auteure de l’étude.
Il s’agit, selon les chercheurs, de la première étude à étudier le risque de transmission chez les couples gay avec l’un des partenaires séronégatifs. Elle conforte donc l’idée que le risque de transmission au sein des couples gay ou hétérosexuels est "similaire" en cas de relations sexuelles anales et vaginales.
Ces nouveaux travaux ne sont pas exempts de limites. Les chercheurs concèdent ainsi que la majorité des participants séropositifs prenaient un traitement antirétroviral depuis plusieurs années et qu’ils disposent donc encore de "données limitées sur le risque de transmission au cours des premiers mois de thérapie antirétrovirale".