Loin de faiblir, le mouvement de grèves des urgences initié en mars en France, prend de l’ampleur cet été. Le 11 juin, 101 services étaient en grève, le 23 juillet ils étaient 203, désormais ils sont 211, révèle un communiqué publié lundi 29 juillet au soir par le collectif Inter-Urgences. Ce dernier en profite d’ailleurs pour appeler l’ensemble des services hospitaliers mobilisés à se rencontrer le 10 septembre lors d’une assemblée générale nationale avant la grande journée nationale d’action.
Furieux de la "dégradation des conditions d’accueil des patients", les grévistes réclament plus de lits, le recrutement de 10 000 paramédicaux pour les urgences et une revalorisation des salaires de 300€ net mensuels. Autre sujet de préoccupation majeur : l’insécurité, les insultes et les violences physiques étant de plus en plus fréquentes à l'hôpital.
Après des mois de grève, la ministre de la Santé Agnès Buzyn a fini par annoncer mi-juin le déblocage de 70 millions d’euros, dont 55 millions consacrés à la généralisation et à la revalorisation d’une prime de risque de 100 euros net mensuelle, versée dès le mois de juillet à tous les professionnels des services d’urgence, excepté les médecins. Elle a également évoqué 15 millions d’euros pour permettre "aux services d’urgence en tension" de "renforcer leurs effectifs paramédicaux durant la période estivale et de maintenir ainsi un maximum de lits ouverts". Mais ces promesses n’ont pas calmé les grévistes pour autant.
[Communiqué de presse]
— L'Inter-Urgences (@InterUrg) July 29, 2019
211 services d'#urgences en grève à ce jour. Augmentation du nombre d'"hospitalisations brancards" comme attendue malgré l'enveloppe proposée par la Ministre @agnesbuzyn.
?? Organisation d'une nouvelle Assemblée Générale nationale le 10 septembre à Paris ! pic.twitter.com/k3vnJCAkPQ
"Stopper les fermetures de lits"
"La majorité des services n’a pas vu la couleur des enveloppes fléchées pour pallier les difficultés estivales, explique Inter-Urgences dans son communiqué, insistant sur "la nécessité absolue de stopper les fermetures de lits". Et de donner l’exemple de Saint-Nazaire (Loire-Atlantique) où, la semaine dernière, 103 hospitalisations brancards ont eu lieu en raison du manque de lits. "Puisque le budget global des hôpitaux n’est pas augmenté, les recrutements aux urgences se feront au détriment d’autres activités, comme la médecine ou la chirurgie. Nous refusons catégoriquement cette politique d’opposition entre services", poursuit le collectif.
D’après un sondage Odoxa-MNH-le Figaro Santé-France Info réalisé en juin, ce mouvement bénéficie d’un "soutien total, inédit et inconditionnel dans l’opinion". En effet, 92% des Français et 96% des personnels et professionnels de santé hospitaliers soutiennent les grévistes. Cela s’explique car pour 77% des Français et 91% des personnels hospitaliers et soignants, les services d’urgences se détériorent. Et les sondés reconnaissent leur part de responsabilité puisque 29% des personnes interrogées "avouent s’être déjà rendu(e)s dans des services d’urgences pour de 'mauvaises' raisons, notamment par confort/facilité et parce que cela évitait d’avancer des frais" (1 Français sur 10).
"D’ailleurs, dans le volet barométrique de notre enquête, les urgences ont été LA solution trouvée par plus d’1 Français sur 20 (6%) et surtout par 1 professionnel de santé sur 10 ayant été malade ces derniers mois, au lieu de consulter leur médecin", expliquait Gaël SLIMAN, co-fondateur et président d'Odoxa.
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