C’est le genre d’histoire qui fait froid dans le dos à toutes les femmes. En janvier, Greta Zarate, une Américaine de 32 ans originaire de Jacksonville en Caroline du Nord (Etats-Unis) a contracté une infection sanguine potentiellement mortelle à cause d’un tampon et a dû passer quatre jours aux soins intensifs avant d’être finalement tirée d’affaire. Le Daily Mail rapportait son histoire le 8 octobre. Ce syndrome du choc toxique staphylococcique menstruel, plus connu sous le nom de choc toxique, touche une femme sur 100 000 et peut être s’avérer mortel.
Le 31 janvier, Greta a ses règles. La jeune femme, mère de cinq ans enfants, se met alors à ressentir des symptômes grippaux. Elle passe trois jours alitée, se soignant "avec des médicaments accessibles" sans ordonnance, raconte-t-elle. Mais sa température continuant de monter et sa tension artérielle de baisser, sa sœur, infirmière, l’encourage à se rendre aux Urgences.
Une fois à l’hôpital, l’Américaine passe une batterie de tests, des scanners et des radios. En vain. Les médecins ne comprennent pas l’origine de son mal. "J'avais peur et j'étais extrêmement malade. J'avais une douleur sérieuse sur le côté parce que ma rate était enflée parce que j'essayais de combattre l'infection", témoigne-t-elle.
"J'ai souffert de tous les symptômes des CTSM"
Fort heureusement, après avoir appris que la patiente avait ses règles, une infirmière finit par soupçonner un syndrome du choc toxique staphylococcique menstruel (CTSM). Greta réalise alors des analyses gynécologiques. Les résultats sont sans appel : l’infirmière a raison, c’est bien un tampon à l’origine des symptômes de la patiente.
Une fois le diagnostic établi, Greta reçoit une transfusion sanguine pour stimuler ses globules rouges, des antibiotiques pour combattre l’infection et de la morphine pour soulager sa douleur. Elle passe ensuite quatre jours en soins intensifs puis une semaine à l’hôpital avant de pouvoir rentrer chez elle.
"J'ai souffert de tous les symptômes des CTSM mais je les ai confondus avec la grippe - nausées et diarrhées, étourdissements, douleurs musculaires. La seule chose que je n'ai pas eue, c'est une éruption cutanée qui en est souvent un symptôme. Mais j'étais de plus en plus malade. Ma fièvre était si élevée que j'étais tremblante et faible", témoigne-t-elle, aujourd’hui complètement rétablie.
Changer son tampon régulièrement
"Je sais que j'ai changé mon tampon régulièrement, ce n'est donc pas pour cela que j'ai développé syndrome du choc toxique", explique-t-elle. Aussi, d’après les médecins, son CTSM aurait été causé par de petites coupures dans son vagin. "Quand vous retirez un tampon sec de votre corps, il laisse en fait de minuscules éraflures sur votre paroi vaginale qui permettent aux bactéries de pénétrer dans votre circulation sanguine et c'est ce qui m'est arrivé", précise celle qui ne peut désormais plus utiliser de tampons.
Et de conclure : "Les médecins m'ont dit que si j'attendais un jour de plus, cela aurait pu avoir des conséquences désastreuses. Les gens qui ont le syndrome du choc toxique peuvent finir par perdre des membres ou même mourir, alors je me sens si chanceuse".
En effet, en mars 2017 une lycéenne canadienne de 16 ans est décédée dans son sommeil lors d’un voyage scolaire de la suite d’un choc toxique. Elle s’était plainte de douleurs au ventre la veille au soir et une de ses amies l’avait entendue gémir durant la nuit, sans y prêter vraiment attention.
Des toxines dangereuses
Le CTSM, qui touche environ une femme sur 100 000, survient lorsqu'une bactérie Staphylococcus aureus ou Streptococcus inoffensive, qui vit sur la peau, envahit la circulation sanguine et produit des toxines dangereuses. Elle peut rapidement affecter plusieurs organes différents y compris le foie, les poumons et les reins. Sa progression nécessite rapidement des soins d'urgence car les symptômes comprennent une fièvre élevée, une tension artérielle basse, des vomissements, de la confusion et des convulsions.
Cette maladie se produit le plus souvent chez les femmes qui utilisent des tampons parce que l'accumulation de sang crée l'environnement idéal pour la croissance rapide des bactéries. C’est pourquoi les boîtes de tampons sont munies d'un avertissement d'infection mortelle après plus de huit heures d'inactivité.
"Porter un tampon de manière prolongée peut la 'bloquer' au niveau du vagin. Alors, elle se multiplie et produit des toxines dangereuses", et un potentiel choc toxique, expliquait à LCI le Dr Gérard Lina, biologiste médical et responsable du Centre National de Référence des staphylocoques des Hospices civils de Lyon.
Les tampons bio et les coupes menstruelles ne protègeraient pas mieux du choc toxique
Le chercheur a notamment participé à une étude selon laquelle les coupes menstruelles ou les tampons bios ne protègent pas mieux du syndrome du choc toxique que les autres protections féminines. "Nos résultats ne soutiennent pas l’hypothèse qui suggère que les tampons composés exclusivement de coton bio pourraient être intrinsèquement plus sûrs que ceux faits d’un mélange de coton et de rayonne", explique-t-il ainsi.
"Nous avons observé que l’espace entre les fibres qui contribue à l’apport d’air dans le vagin représente également le site majeur de croissance du staphylocoque doré (bactérie à l’origine du choc toxique, NDLR). En somme, la croissance du staphylocoque doré est plus importante au sein des tampons dont la matière à été déstructurée lors de la fabrication, que dans les tampons non modifiés".
Quant aux coupes menstruelles, très en vogue ces derniers temps, les chercheurs y auraient même observé une croissance plus importante du staphylocoque doré et une production de toxines plus élevée que dans les tampons. Peut-être en raison de l'air supplémentaire introduit dans le vagin par ce type de protection. Dans de telles conditions, les serviettes hygiéniques semblent être une bonne alternative...