Les jours raccourcissent, le ciel se couvre et nous commençons à nous sentir de fatigués et malades. Dans l’espoir de retrouver un peu d’énergie, nous sommes nombreux à nous ruer sur les compléments vitalité dans les pharmacies. A tel point que ce business représente un chiffre d’affaires annuel de 147 millions d’euros en France. Pourtant, ces compléments ne sont pas d’une grande utilité met en garde 60 Millions de consommateurs dans un hors-série spécial Compléments alimentaires. Pire encore, ils peuvent entraîner des effets secondaires potentiellement dangereux en cas de surdosage, rappellent les nutritionnistes.
S’il a déjà été prouvé à maintes reprises que la vitamine C contribuait au fonctionnement du système nerveux et la vitamine A au maintient d’une vision normale, un traitement n’est pas vraiment nécessaire. En effet, "il y a peu de carences avérées dans la population française à part dans les groupes les plus pauvres", explique Mathilde Touvier, directrice de recherche à l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) au magazine. Or les groupes les plus pauvres ne sont pas ceux qui vont aller dépenser de l’argent dans des compléments alimentaires. L’étude Nutri-Net-Santé de l’Inserm révèle au contraire que "ce sont ceux qui mangent le mieux qui consomment des compléments".
Et quand bien-même y aurait-il des carences en vitamine C, en raison d’une alimentation trop riche en sucre, en lipides et en protéines, mieux vaut aller chercher ce nutriment dans les fruits et légumes que dans les compléments alimentaires. D’autant plus que ces derniers ne sont pas neutres. Trop de vitamine C peut exemple entraîner des diarrhées et des douleurs abdominales ou même une augmentation du risque de calculs rénaux.
Attention à l’auto-médication
"Le besoin en vitamine C est de 80 à 100 mg par jour. Si vous donnez 500 mg tous les jours pendant des mois, ce qui a d’ailleurs été la grande théorie à l’époque pour traiter les infections, elle peut se trouver trop oxydante dans des conditions métaboliques particulières", explique Patrick Serog, médecin nutritionniste interrogé par Pourquoi Docteur.
La vitamine A (ou rétinol) et E sont quant à elles déconseillées aux femmes enceintes car elles peuvent engendrer des malformations congénitales du fœtus. Enfin, un excès de vitamine D peut stopper la croissance de l’enfant.
D’après 60 Millions de Consommateurs, une étude finlandaise portant sur plus de 40 000 femmes a par ailleurs montré que le risque de mortalité augmentait avec la prise de vitamines et de minéraux à long terme. D’autres travaux, menés par l’Institut national du cancer américain ont dû être interrompus au bout de sept ans car la supplémentation en sélenium et en vitamine E conduisait à une augmentation de 17% du risque de développer un cancer de la prostate. "C’est d’ailleurs pour cette raison qu’aucun organisme de santé publique ne recommande des cures de vitamines en automédication", note Mathilde Touvier qui rappelle que la clé est dans l’alimentation et non les compléments alimentaires.
Des compléments en vitamines et minéraux peuvent être nécessaires chez les personnes au régime
L’apport en vitamines et minéraux marche mieux via l’alimentation que par l'ingestion d'un comprimé car ce dernier n’a pas "la matrice obligatoire pour passer la barrière intestinale", confirme Patrick Sérog. "C’est une question de transports. Nous sommes adaptés depuis des millions d’années à mieux transporter ces vitamines et minéraux dans une matrice aliment, qui va subir une série de transformations, que dans une matrice comprimé", poursuit-il.
Toutefois, il arrive que certaines personnes refusent de manger suffisamment à cause d’un régime. Dans ces cas-là que faire ? "Un complément alimentaire, comme son nom l’indique, est un complément à l’alimentation. Ils ne sont utiles que lorsque l’alimentation de sujets est déficiente en nutriments. Que ce soit en macro nutriments, en micro-nutriments ou oligo-éléments. Quelqu’un qui fait un régime à 600 calories par jour ne peut pas avoir toutes les vitamines et minéraux nécessaires. Il m’arrive donc de prescrire des compléments alimentaires chez les gens qui mangent de façon très déséquilibrée et ne veulent pas changer leur alimentation", déclare le nutritionniste. En revanche, "pour les autres personnes, qui suivent des régimes au-delà de 1200 calories et plus, il n’y a aucune raison de donner des comprimés".
Et si le patient mange mal mais qu’il est prêt à changer ses habitudes, "je vais lui rééquilibrer son alimentation en lui apportant suffisamment de protéines, de minéraux et de vitamines par l’alimentation. Un vrai repas consiste en un certains nombre d’aliments qu’il faut consommer : des légumes, cuits ou crus, une source de protéines, animale ou végétale (mélanger les mieux c’est mieux), des laitages et des fruits". Et le nutritionniste de conclure : "Faire trois repas par jour, ça suffit. Si vous faîtes ça, que vouloir de plus ? C’est déjà formidable".