La colère gronde. Lundi 25 novembre au soir, à Saint-Pazanne, en Loire-Atlantique, plusieurs centaines de personnes sont allées écouter les autorités sanitaires présenter les conclusions des recherches enclenchées en début d'année sur les cancers pédiatriques dans ce secteur. La plupart d’entre elles n’ont pas du tout apprécié que les autorités décident d’arrêter leurs investigations sans même avoir compris “pourquoi” tant d’enfants étaient tombés malades dans les environs entre 2015 et 2019.
“Il est où l'accompagnement du gouvernement aujourd'hui dans la prévention Monsieur? Il est où? On tue nos enfants!”, s’est emporté un homme, cité par l’AFP. “Il y a bien une cause quelque part, mais là j'ai l'impression qu'on nous dit ‘on n'a rien trouvé, on arrête et on s'en va’. En gros, continuez à mourir.... Merci beaucoup, mais ce n'est pas suffisant”, a commenté un parent tandis que d’autres demandaient aux autorités si elles seraient prêtes à vivre à Saint-Pazanne avec leurs enfants.
Au vu des données, “il n'y a pas de danger”, ont répété ces dernières pendant trois heures. “On a fait ce qu'on a pu”, explique Nicolas Durand, directeur général adjoint de l'Agence régionale de santé (ARS) Pays-de-la-Loire. “On a mis des moyens considérables sur ces investigations, que ce soit l'enquête épidémiologique par Santé publique France ou les investigations environnementales”, insiste-t-il, admettant toutefois : “Nous reconnaissons que nous n'avons pas répondu à la question principale, qui est: pourquoi?”.
Pas de “cause commune identifiée”
Mardi 19 novembre, après plusieurs mois d’enquête, l’ARS a annoncé n’avoir trouvé aucune “cause commune” aux cas de cancers pédiatriques survenus à Saint-Pazanne et dans six villages alentour sur la période 2015-2019. Au vu des résultats des investigations des chercheurs, l’agence sanitaire recommandait “de ne pas poursuivre les investigations épidémiologiques localement” et “de ne pas engager d’investigations et prélèvements environnementaux supplémentaires.”
L’étude validait toutefois “le fait que le nombre de cancers pédiatriques sur le secteur des sept communes (étudiées) sur la période 2015-2019 est plus important que ce que l’on observe en moyenne en France". “Les résultats de ces travaux amènent Santé publique France à conclure à la présence d’un regroupement spatio-temporel sans cause commune identifiée”, concluait le rapport.
Ainsi, des analyses complémentaires auront lieu et des mesures environnementales sont programmées dans 17 logements d’enfants atteints de cancer d’ici fin janvier 2020, ainsi qu’une deuxième campagne de “levée de doute” dans l’école Notre-Dame de Lourdes, à Sainte-Pazanne.
Prochaine réunion de comité prévue en mars
Enfin, dans son rapport, Santé publique France reconnaissait que les connaissances scientifiques “sur les causes des cancers de l’enfant et le potentiel rôle des expositions environnementales dans ce processus restent parcellaires”. En conclusion, l’ARS proposait de “mettre en place une surveillance active pour identifier tout nouveau cas de cancer sur le secteur”.
Cette impasse a donc révolté de nombreux parents présents lors de la réunion publique de lundi. “Cela consiste uniquement à regarder s'il existe un danger immédiat mortel pour nos enfants à leur domicile ou à l'école, ce ne sont pas de vraies études environnementales”, réagit Marie Thibaud, membre du collectif Stop aux cancers de nos enfants auprès de l’AFP. D’après l’association, entre 2015 et 2019, le secteur de Sainte-Pazanne a compté 20 cas de cancers, des chiffres supérieurs à ceux retenus par l’ARS (17). Une prochaine réunion du comité de suivi devrait avoir lieu en mars 2020.