Disponibles sans ordonnance, souvent bien visibles sur les comptoirs des pharmacies, les médicaments contre les maux de gorge ne sont pas sans risque pour la santé.
C’est ce que rappelle l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) dans un communiqué, où elle met en garde contre l’utilisation de quatre médicaments en vente libre et indiqués comme traitement d’appoint dans les maux de gorge peu intenses et sans fièvre : Maxilase Maux de gorge Alpha-Amylase, Alfa-amylase Biogaran conseil et Alfa-amylase Top Pharm.
Disponibles sous forme de sirop ou de comprimés, ces quatre médicaments présentent la particularité de contenir de l’alpha-amylase, une enzyme susceptible de déclencher des réactions allergiques. “Il s’agit essentiellement d’atteintes cutanées (urticaire, démangeaisons…) mais aussi très rarement des effets allergiques graves, pouvant se manifester par une chute de tension, des difficultés respiratoires seules ou associées à un gonflement de la face (chocs anaphylactiques)”, détaille l’ANSM dans son communiqué.
Des médicaments à prendre avec précaution
Ces médicaments contre les maux de gorge passagers vont-ils être prochainement retirés de la vente ? Non, précise l’ANSM, qui souhaite qu’ils restent disponibles sans ordonnance “mais uniquement sur demande au pharmacien qui, alors, délivrera tous les conseils nécessaires.”
Interrogé par Franceinfo, le Dr Jean-Michel Race, directeur des médicaments de la sphère ORL à l'ANSM, rappelle par ailleurs que ces médicaments à base d’alpha-amylase sont “des médicaments de confort, qui ne guérissent rien” et que “tout symptôme ne nécessite pas forcément de réponse médicamenteuse”. “Un mal de gorge passe tout seul en quelques jours et, comme pour un rhume, il faut avant tout appliquer les conseils classiques d’hygiène, d’hydratation et de lavage du nez”, insiste le spécialiste.
2 chocs anaphylactiques graves et un décès
Ce n’est pas la première fois que l’alpha-amylase est pointée du doigt pour son risque allergique. En 2013, un enfant de 9 ans ayant consommé trop de sirop contenant cette enzyme avait hospitalisé pour un grave choc anaphylactique. Cela s’est reproduit en 2017 avec un adolescent ayant pris des comprimés. Un décès lié à une réaction allergique à l’alpha-amylase est aussi à déplorer : celui d’un homme d’une cinquantaine d’années en 2017.
Ce qui a conduit la revue Prescrire à publier en avril 2019 une note dans laquelle elle conseillait “d’écarter l’alpha-amylase des soins”.