- Les récepteurs qui agissent dans la réponse immunitaire contre le VIH sont présents sur le chromosome X qui est présent en deux copies chez les femmes (XX) et une seule chez l'homme (XY)
- Les hommes n'ont pas l'allèle T qui protège de l'infection
- La charge virale est moins importante chez les femmes qui fait que l'évolution vers un stade sida est moins importante
La tendance d’une plus grande résistance des femmes aux maladies infectieuses que les hommes se confirme. Une étude française a montré que dans les premiers mois de l’infection par le VIH, un mécanisme génétique se met en place chez certaines femmes pour mieux le combattre. Cette découverte intervient alors que les données épidémiologiques sur les patients infectés de la Covid-19 révèlent que le virus touche plus les hommes que les femmes.
Le chromosome X au cœur de la réponse immunitaire
Une équipe de chercheurs français, dirigée par Jean-Charles Guéry, qui travaille au Centre de physiopathologie de l’université de Toulouse III-Paul Sabatier, avec l’Inserm et le CNRS, a mis en évidence cette différence de réponse face au VIH en fonction du sexe. Ils ont observé un mécanisme génétique responsable d’un biais de sexe dans la réponse immunitaire innée et le contrôle de la charge virale aux premiers mois de l’infection par le VIH. Ils ont publié les résultats dans la revue JCI Insight le 18 juin dernier.
Pour comprendre les différences de charges virales observées dans les premières phases de l’infection par le VIH, les chercheurs se sont intéressés à des cellules centrales dans la réponse immunitaire innée en cas d’infection virale : les cellules dendritiques plasmacytoïdes (pDC, pour plasmacytoid dendritic cells). Ces cellules ont des récepteurs, appelés TLR7, où vient se fixer l’ARN viral. En réponse, les cellules pDC sécrètent des molécules antivirales puissantes, les interférons, pour contrer le virus et empêcher sa réplication. C’est là que les femmes ont un avantage par rapport aux hommes : les récepteurs TLR7 sont sur le chromosome X, que les femmes possèdent en double (XX) alors que les hommes n’en ont qu’une seule copie (XY). Le récepteur est donc présent en quantité significativement plus importante chez les femmes que chez les hommes.
L’évolution au stade Sida est moins forte
Un autre facteur intervient et justifie la meilleure réponse immunitaire chez les femmes. Il s’agit de l’allèle T que portent entre 30 et 50% des femmes européennes. Ce polymorphisme génétique, présent sur le gène, diminue la quantité de récepteurs (TLR7) et la production d’interférons par les cellules pDCs qui, s’ils sont produits en trop grande quantité, peuvent inhiber d’autres cellules de l’immunité et favoriser la dissémination du virus. “Quand les femmes ont moins de récepteurs TLR7, elles sont plus protégées. Ce n’est donc pas lié à la meilleure capacité des cellules baptisées pDC de femmes à produire des interférons”, précise Jean-Charles Guéry.
Ce processus ne s’observe que chez les femmes mais pas chez les hommes où l’allèle T n’a pas d’effet, que ce soit sur la production d’interférons ou l’expression du récepteur TLR7. “On a pu observer que les femmes porteuses de l’allèle T étaient mieux protégées de l’infection, partage Jean-Charles Guéry. Ce n’est pas une protection complète, mais on détecte moins le virus, entre 8 à 10 fois moins. Contrairement à ce qui avait été observé chez les hommes où l’allèle T est associé à une charge plus forte et une progression accélérée de la maladie.”
Ces phénomènes entraînent une infection au VIH moins sévère chez les femmes. Cela ne les empêche pas d’être infectées, mais elles présentent moins de symptômes. “Quand la charge virale est moins importante, l’évolution vers un stade sida est aussi moins forte”, conclut le chercheur.