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Alcoolisation fœtale : «les femmes d’aujourd’hui sont moins bien informées que celles d’hier»

En France, le syndrome de l’alcoolisation fœtale est devenu un véritable problème de santé publique. 8 000 nouveau-nés sont touchés chaque année, ce qui en fait la principale cause non génétique de handicap mental chez l'enfant.

Alcoolisation fœtale : \ EduardSV / istock




Avec le recul, personne n’a vraiment compris ce que la ministre de la Santé a voulu dire concernant la lutte contre le syndrome de l’alcoolisation fœtale (SAF). "Nous avons obtenu des alcooliers qu’il y ait un logo qui explique bien qu’on ne doit boire aucun alcool pendant la grossesse, c’est très mauvais pour le fœtus. On est en train de travailler sur la taille et la couleur" déclarait Agnès Buzyn mardi 26 juin dernier dans l’émission 8h30 Toussaint Aphatie sur la chaîne France Info, alors que le logo en question est obligatoire sur les contenants d’alcool depuis plus de 10 ans.

Là où l’article L. 3322-2 du code de la santé publique sert à faire figurer un "message à caractère sanitaire préconisant l’absence de consommation d’alcool par les femmes enceintes" sur les bouteilles, cubis et autres conditionnements de boisson dont le degré alcoolique dépasse 1,2°, un arrêté d’octobre 2006 fixe de son côté les modalités pratiques. "Toutes les unités de conditionnement des boissons alcoolisées portent, dans les conditions fixées par arrêté du ministre chargé de la santé, un message à caractère sanitaire préconisant l'absence de consommation d'alcool par les femmes enceintes( …). Le message sanitaire est inscrit sur fond contrastant, de manière à être visible, lisible, clairement compréhensible, indélébile. Il ne doit en aucune façon être dissimulé, voilé ou séparé par d'autres indications ou images", précise le texte de loi.

"Investir de l’argent"

"Peut-être que la ministre a voulu dire qu’il faudrait que les logos soient plus visibles et plus grands", analyse dans l'émission La médecine au féminin Marie-Dominique Lamblin, pédiatre et neurophysiologiste au CHRU de Lille, prudente, avant d’ajouter :"mais peut-être gagnerait-on à investir de l’argent ailleurs, comme dans des campagnes de prévention télévisuelle ou des missions d’information dans les collèges et les lycées".

En France, le syndrome de l’alcoolisation fœtale (SAF) est devenu un véritable problème de santé publique. 8 000 nouveaux-nés en sont touchés chaque année (1% des naissances), ce qui en fait la principale cause non génétique de handicap mental chez l'enfant, et les Françaises boivent de plus en plus. Chez les personnes nées entre 1891 et 1910, les hommes étaient 2,2 fois plus susceptibles que les femmes de consommer de l’alcool et 3 fois plus susceptibles de boire de l’alcool de façon problématique. Un rapport tombé à 1,1 et 1,2 chez les personnes ayant entre 16 et 25 ans aujourd’hui.

Le phénomène est complètement banalisé

"Ce qui me frappe, c’est que le phénomène est complètement banalisé, notamment chez les adolescentes et les jeunes femmes qui pratiquent le binge-drinking en masse. Or, quand on ne sait pas qu’on est enceinte, cette ingestion d’alcool massive est beaucoup plus dangereuse pour un fœtus que la consommation hebdomadaire d’un ou deux verres d’alcool", alerte Marie-Dominique Lamblin. "Et sur ce point, je trouve qu’on recule en matière de prévention. Les jeunes femmes d’aujourd’hui sont moins bien informées que celles d’hier", déplore-t-elle.

Même au tout début de la grossesse, une alcoolisation massive peut causer des dégâts irréversibles. Lorsqu'une femme enceinte consomme un verre d'alcool, on constate moins d'alcool dans son sang que dans celui de son bébé, compte tenu du tout petit poids du foetus et du fait que son foie et son rein ne sont pas encore capables d'éliminer l'alcool.

Multiples troubles psychologiques et physiques

Le syndrome d'alcoolisation foetale (SAF) entraine de multiples troubles psychologiques et physiques. On parle ici de possibles retards de croissance, malformations au niveau de la boite crânienne et de l'encéphale,troubles nerveux, anomalies du système nerveux central pouvant se manifester par des déficits intellectuels, retard du développement, troubles de l'apprentissage, hyperactivité, troubles de l'attention ou de la mémoire, incapacité à maîtriser sa colère ou encore des difficultés à solutionner des problèmes.

"Un fois le bébé intoxiqué, il n’existe aucun moyen curatif", rappelle encore Marie-Dominique Lamblin. "Le message doit donc être martelé en amont : quand on est enceinte, il ne faut pas boire d’alcool du tout. Même un peu, même occasionnellement. Tous les fœtus ne se verront certes pas impactés de la même manière par l’alcoolisation de leur mère, mais le risque est réel pour les enfants à naître, sans exeption. Dans le doute, l’abstinence doit être de mise", conclut-elle.

Retrouvez l'intégralité de l'émission La Médecine au féminin de Sophie Lemonier : 

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