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Infarctus du myocarde: quand le cœur des femmes se déchire avec le stress

La dissection aiguë et spontanée des artères coronaires (SCAD) serait une cause majeure de crises cardiaques chez les femmes de moins de 60 ans. Cette déchirure des coronaires est 4 fois plus fréquente que chez l’homme et est provoquée surtout par le stress.

Infarctus du myocarde: quand le cœur des femmes se déchire avec le stress champja/istock


  • Publié le 02.09.2018 à 12h50
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  • Mise à jour le 03.09.2018 à 08h53
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Selon une nouvelle étude présentée au Congrès Européen de cardiologie, l’ESC 2018, la "dissection aiguë et spontanée des artères coronaires", une cause d’infarctus considérée comme très inhabituelle chez l’homme, serait au contraire fréquente chez les femmes jeunes. Cette dissection aiguë et spontanée des artères coronaires (SCAD) serait la cause d’environ un tiers des crises cardiaques chez les femmes de moins de 60 ans.

La "dysplasie fibro-musculaire", une anomalie des artères coronaires plus fréquente chez les femmes que chez les hommes, est un terrain favorisant qui joue un rôle majeur. Enfin, un stress émotionnel semble être un évènement déclencheur majeur de la dissection spontanée des artères coronaires.

Une cause inhabituelle d’infarctus

La dissection spontanée des artères coronaires (SCAD) se produit lorsque la paroi interne d'une artère se déchire et se sépare de la paroi externe de l'artère. Le sang des artères rentre dans la déchirure, se répand dans l'espace produit entre les 2 parois, agrandit et forme un caillot qui, in fine, rétrécit la lumière de l'artère et bloque la circulation sanguine.

Les symptômes sont similaires à ceux d'une crise cardiaque et comprennent des douleurs dans la poitrine, des palpitations, des douleurs dans les bras, les épaules ou la mâchoire, ainsi que des nausées, un essoufflement, une transpiration anormale et une sensation de tête vide.

Le traitement vise à rétablir au plus vite la circulation sanguine dans la coronaire déchirée, afin d’irriguer à nouveau le muscle cardiaque et d’éviter la nécrose. Certains malades ne reçoivent que des médicaments, tandis que d'autres bénéficient une coronarographie afin de trouver le moyen de ré-ouvrir l'artère, soit avec une endoprothèse, soit en court-circuitant l'artère.

Une étude prospective canadienne

L'étude canadienne SCAD a examiné la présentation clinique, l'histoire naturelle, le traitement et les résultats de la dissection aiguë et spontanée des artères coronaires (SCAD).

Les chercheurs ont prospectivement recruté, entre 2014 et 2018, 750 personnes souffrant de SCAD dans 20 centres au Canada et deux aux États-Unis. Le diagnostic de dissection aiguë et spontanée des artères coronaires a été systématiquement confirmé dans un centre d’angiographie de référence.

Les patients ont été suivis pendant trois ans pour évaluer la survenue des événements cardiovasculaires indésirables majeurs (MACE) dans les suites d’une dissection aiguë et spontanée des artères coronaires.

Fréquence de la dysplasie fibromusculaire

Parmi les causes possibles de la dissection aiguë et spontanée des artères coronaires, environ la moitié des personnes analysées (49%) ont signalé un stress émotionnel avant l’événement et 30% ont signalé un stress physique (dans 10% des cas, le poids soulevé dépassait 23 kg).

Le facteur prédisposant le plus courant est la dysplasie fibromusculaire (40% des cas évalués), qui consiste en un développement anormal des cellules dans les artères et qui peut entraîner un rétrécissement (sténose), des anévrismes ou des déchirures (dissections).

Les autres facteurs prédisposants sont : une histoire obstétricale comprenant cinq grossesses ou plus (10%), la période qui entoure un accouchement (5,3%), un traitement de la fertilité (5,1%), des maladies inflammatoires générales (4,7%) et des connectivites (3,5%).

Un syndrome douloureux aigu

Tous les malades ont ressenti un syndrome coronaire aigu lors de la dissection aiguë et spontanée des artères coronaires, 99,3% ayant eu une crise cardiaque et 0,7% ayant un angor instable. Le symptôme principal est une douleur thoracique qui est observée chez neuf patients sur dix. En angiographie, la coronaire antérieure gauche est l’artère la plus souvent affectée (52%) et un rétrécissement diffus prolongé de la coronaire est la forme la plus courante (appelée SCAD de type 2 ; 58%).
La majorité des patients ont été traités uniquement avec des médicaments (85%), tandis que 14% ont eu une angioplastie coronaire percutanée et moins de 1% ont eu un pontage coronaire.

Une cause plus fréquente chez la femme

Presque tous les patients (99,9%) sont vivant à 30 jours. La fréquence des événement cardiovasculaires à 30 jours de type MACE est de 7,5% (y compris une crise cardiaque récidivante dans 5,1%, un arrêt cardiaque dans 3,3%, une revascularisation non planifiée dans 2,1%, une insuffisance cardiaque sévère dans 1,5%, une assistance hémodynamique mécanique dans 1,5%, un AVC dans 1,2%, une transplantation cardiaque chez 0,1% et un décès chez 0,1% des patients). Dans les 30 jours suivant le congé, 5,1% ont une 2e visite aux urgences et 2,5% sont admis pour une douleur thoracique. Ces récidives précoces témoignent d’un vrai problème de traitement de ces dissections aiguë et spontanées des artères coronaires qui pourrait être responsable des moins bons résultats de la prise en charge de l’infarctus du myocarde chez les femmes par rapport aux hommes.

Un appel à des recherches sur le traitement

Selon, le professeur Jacqueline Saw, à l’Université de la Colombie-Britannique, à Vancouver, au Canada, présentatrice de l’étude: "Les dissections des artères coronaires étaient sous-estimées auparavant et considérées comme rares. Les progrès des techniques d'imagerie coronaire en ont amélioré le diagnostic, mais nous en savons encore très peu sur la cause et l'histoire naturelle de la dissection aiguë et spontanée des artères coronaires. "

Cette étude montre que la dissection aiguë et spontanée des artères coronaires, où la dysplasie fibro-musculaire joue un rôle majeur, affecte principalement les femmes d'âge moyen. Des recherches supplémentaires sont nécessaires pour déterminer le traitement le plus approprié pour ces patientes qui souffrent d’une crise cardiaque dont les suites ne sont pas aussi bonne que chez les hommes.

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