Alors qu’outre-Atlantique, les États-Unis doivent faire face à une vraie crise sanitaire face à la recrudescence des overdoses liées à la surconsommation d’opiacés comme le Fentanyl, en France, un antalgique dérivé de l’opium fait désormais l’objet d’une surveillance rapprochée de la part de l’Agence nationale de sécurité du médicament : le Tramadol.
Un risque de dépendance
Antidouleur le plus vendu en France avec 12 millions de boîtes écoulées chaque année, le Tramadol est prescrit pour soulager les douleurs modérées à intenses et peut, comme les autres opioïdes, occasionner une accoutumance, dépendance, voire provoquer une overdose en cas de surdosage.
Valentine, 27 ans, n’en est pas passée loin. Atteinte d’une maladie orpheline lui causant de crises de douleur intense. Seul le Tramadol, prescrit par son médecin, s’avère efficace pour les soulager. "Au fur et à mesure, on en prend quand on pense qu’on va avoir mal, quand on a une toute petite douleur qui arrive, puis on prend en systématique, on en disant au moins j’anticipe et j’aurai jamais une grosse douleur qui va monter donc ça devient du matin, midi, soir", explique-t-elle à France Info.
Augmentant progressivement les doses, Valentine finit par être hospitalisée lorsque le médicament ne parvient plus à la soulager. Elle découvre alors qu’elle prend une dose beaucoup trop importante. Elle est aujourd’hui sevrée.
Selon les autorités de santé, 140 cas d’abus ou de dépendance au Tramadol ont été signalés en 2017. 37 décès sont imputés à l’antidouleur en 2016. Des chiffres probablement sous-estimés car le Tramadol n’est pas toujours directement mis en cause.
D’où la nécessité de prendre des précautions. L’ANSM souhaite restreindre la durée de prescription du Tramadol puisqu’il est aujourd’hui possible d’obtenir avec une seule ordonnance jusqu’à un an de traitement sans qu’aucun suivi ne soit fait ensuite.
Un risque d’hypoglycémie pour les diabétiques
Ce n’est pas la première fois que le Tramadol fait l’objet d’une surveillance particulière. En août dernier, une étude publiée dans la revue Scientific Reports montrait que l’antidouleur augmentait de manière significative le risque d’hypoglycémie, notamment chez les personnes atteintes de diabète.
D’autres effets secondaires indésirables sont connus et documentés, comme les nausées, les vertiges ou les tremblements, et dans de plus rares cas des hallucinations ou une confusion mentale.